Delta souhaite que les relations entre Air France et KLM s'améliorent

Malgré la série de rebondissements survenus à Air France-KLM depuis l'entrée de Delta dans le capital du groupe il y a moins de deux ans, Ed Bastian, le directeur général de la compagnie américaine, ne regrette pas son investissement. L'alliance transatlantique avec Virgin Atlantic qui découlera de cette opération capitalistique renforcera la position de Delta. Néanmoins, il souhaite une amélioration des relations avec les syndicats et des relations entre Air France et KLM.
Ed Bastian, le directeur général de Delta
Ed Bastian, le directeur général de Delta (Crédits : STEVE MARCUS)

Moins de deux ans après l'entrée de Delta dans le capital d'Air France-KLM à hauteur de 8%, Ed Bastian, le directeur général de la compagnie américaine, regrette-t-il son choix? Regrette-t-il d'avoir investi 750 millions d'euros après avoir vu défiler une incroyable succession de soubresauts au sein du groupe français? Il y a d'abord eu le plus gros conflit social à Air France depuis près de 50 ans avec 15 jours de grève pour des augmentations de salaires, puis la démission en mai 2018 du PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, après un référendum perdu sur la question salariale, puis la tentative d'entrée dans le capital d'AccorHotels en juin, vite avortée, puis encore la polémique autour du choix initial du comité des nominations du groupe de proposer de nommer comme PDG Philippe Capron, directeur financier de Veolia à l'époque, une personne étrangère au secteur du transport aérien, puis la nomination de Ben Smith, les tensions entre ce dernier et le patron de KLM, Pieter Elbers, et enfin, l'entrée fracassante en février de l'État hollandais dans le capital d'Air France-KLM à hauteur de 14%, comme l'État français.

Fusion des "joint-ventures" sur l'axe transtatlantique

"Non", il ne regrette pas, a-t-il répondu à des journalistes lors d'une rencontre à Séoul en aparté de l'assemblée générale de l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui fermait ses portes ce lundi 3 juin.

"Nous avons un excellent partenariat avec Air France-KLM depuis des années. Fondamentalement, ce que la relation avec Air France-KLM nous apporte, c'est de voir Virgin Atlantic rejoindre notre joint-venture transatlantique, quand les autorités américaines auront donné leur approbation finale."

Parallèlement à l'entrée de Delta dans le capital d'Air France-KLM, le groupe français doit entrer à hauteur de 31% dans le capital de Virgin Atlantic, détenue à 49% par Delta. Avec cette décision, les deux "joint-ventures" qui cohabitaient sur l'axe transatlantique, celle de Delta et de Virgin entre le Royaume-Uni et les États-Unis d'un côté, celle entre Air France-KLM, Alitalia et Delta entre l'Europe et les États-Unis vont fusionner. Cette co-entreprise unique détiendra une part de marché d'environ 25% sur l'axe transatlantique. Appelées "joint-ventures" dans le secteur, ces co-entreprises constituent dans le transport aérien le degré le plus avancé d'une coopération commerciale. Elles permettent notamment aux acteurs qui la composent de partager les coûts et les recettes, d'harmoniser les horaires des vols, et les forces commerciales sur un plan de vols commun.

Air France-KLM devrait assurer 40% des vols de cette joint-venture.

Selon nos informations, le feu vert des autorités anti-trust américaines est attendu fin juillet.

"Cette joint-venture pèsera 14 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Elle sera la plus importante de la planète. Avec quatre hubs européens, Londres-Heathrow, Amsterdam, Paris et Rome et les hubs de Delta, aucune autre alliance ne proposera une telle offre. Je suis ravi d'en faire partie", a-t-il indiqué.

Il y a de quoi. L'axe transatlantique est très rémunérateur et permet d'améliorer les bénéfices de Delta. Et c'est dans cette optique que la compagnie américaine est candidate à la reprise d'Alitalia. Ed Bastian l'a une nouvelle fois confirmé.

Pour autant, Ed Bastian, ne serait pas contre un apaisement des relations sociales à Air France et entre Air France et KLM.

"Nous aimerions certainement que les conditions sociales, les relations entre les deux compagnies, et avec les syndicats s'améliorent. Je suis sûr que Ben Smith et son équipe travaillent à l'amélioration des conditions sociales avec les syndicats ainsi qu'à la résolution des problèmes entre Air France et KLM."

Après la signature de plusieurs accords avec les syndicats, la situation sociale s'est en effet apaisée à Air France.

Quant à l'entrée de l'État hollandais dans le capital du groupe, Ed Bastian s'est contenté de dire que les Hollandais ont un intérêt très fort pour KLM et que "c'était leur décision".

Par Fabrice Gliszczynski, à Séoul

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Commentaire 1
à écrit le 03/06/2019 à 11:19
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C'est la force de nombreux hommes d'affaires américains, ils pensent à long terme, ce que nos dirigeants économiques et donc politiques européens ont complètement oublié avec les résultats désastreux que l'on sait.

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