
Willie Walsh est prêt pour sa venue au Paris Air Forum, le 16 juin. En guise de répétition, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA) a travaillé ses arguments concernant la France lors de l'assemblée générale de son organisation à Istanbul. Si l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol a été sa cible principale, l'Hexagone n'a pas été épargné entre les grèves du contrôle aérien et la décision du gouvernement d'interdire les vols intérieurs en cas d'alternative ferroviaire de moins de 2h30.
Prenant le relai de Michael O'Leary, directeur général du groupe Ryanair, ou encore de Johan Lundgren, son homologue chez Easyjet, Willie Walsh n'a pas hésité à grossir le trait : « En France, en particulier, nous avons la situation chaotique de voir des grèves quasi quotidiennes des contrôleurs aériens. » Le fait est qu'avec le mouvement social contre la réforme des retraites et les revendications spécifiques, le contrôle aérien français a cumulé 40 jours de grève depuis le début de l'année selon la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam). De nouvelles perturbations sont d'ailleurs prévues ce 6 juin.
Un impact mondial
Au-delà de l'impact pour les compagnies desservant la France, Willie Walsh ne se prive pas de rappeler que cela concerne tous les vols qui traversent l'espace aérien hexagonal. Et du fait de la position géographique de la France, ce n'est pas négligeable. « Cela ne perturbe pas seulement le trafic en France, mais cela a un impact sur le trafic dans le monde entier parce qu'il oblige les compagnies à passer par d'autres pays pour éviter l'espace aérien français », a-t-il déclaré. De quoi déclencher « une extrême exaspération chez les compagnies aériennes », selon lui.
Tout comme son compatriote Michael O'Leary, Willie Walsh a appelé à une évolution du système français avec plus de ressources ou une organisation plus efficace pour protéger au minimum le trafic survolant la France et limiter les perturbations pour le trafic européen et international. « Si la France veut bloquer son pays, cela ne devrait pas avoir un impact aussi important sur les compagnies d'autres pays qui tentent de survoler le territoire français », s'est-il indigné.
Des mesures inefficaces
Outre les grévistes français, Willie Walsh a également réservé une pique au gouvernement. Dénonçant le « greenwashing » de certaines mesures environnementales prises par les Etats, le patron de l'IATA a pris l'exemple de l'interdiction des vols intérieurs en cas d'alternative ferroviaire de moins de 2h30. Il a tout d'abord précisé qu'au-delà de l'effet d'annonce « sur le bannissement des vols domestiques », cela n'entraînait en réalité la suppression que de trois routes (Orly-Nantes, Bordeaux et Lyon).
S'appuyant sur les données d'Eurocontrol, Willie Walsh a indiqué que la suppression de tous les vols court-courriers en Europe, cela ne représenterait qu'une baisse de 3,8 % des émissions de CO2 du secteur. « Ce n'est pas la solution », a-t-il martelé, rappelant qu'à l'inverse, la mise en place du Ciel unique européen - qui est « une décision politique » - permettrait des réductions de 10 à 12 %. « Nous devons être guidés par les faits », a conclu Willie Walsh.
Sujets les + commentés