Le groupe ADP double son activité et revoit ses ambitions à la hausse

Après avoir largement redressé la barre dans la deuxième moitié de 2021, le groupe ADP a poursuivi sur sa lancée au premier semestre 2022. Il signe une importante amélioration de ses résultats, au point de réviser ses objectifs annuels à la hausse et d'afficher de nouvelles ambitions en dépit d'un niveau d'incertitudes encore très important.
Léo Barnier
Augustin de Romanet a profité de la performance financière solide de son groupe ADP pour revoir ses objectifs à la hausse.
Augustin de Romanet a profité de la performance financière solide de son groupe ADP pour revoir ses objectifs à la hausse. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)

Comme d'autres acteurs du transport, le groupe ADP (Aéroports de Paris) bénéficie d'un réel regain d'activité au premier semestre. Dopées par une reprise plus forte que prévu à partir du printemps, les différentes métriques sont multipliées par deux, trois, voire davantage par rapport à la même période l'an dernier. De quoi générer un surcroît de confiance et amener le groupe à revoir à la hausse ses prévisions sur l'année, même si le niveau de 2019 reste encore loin.

Le groupe ADP se montre donc optimiste avec de nouveaux objectifs annuels plus ambitieux. Il augmente de quatre points ses hypothèses de trafic. Elles passent d'une fourchette initiale comprise entre 70 et 80 % du niveau de 2019 à une fourchette de 74 à 84 %. Cela doit se traduire par une amélioration de la rentabilité de deux points pour le groupe, qui vise désormais une marge d'Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) comprise en 32 et 37 % du chiffre d'affaires. De même, le ratio d'endettement est désormais attendu entre 5,5 et 6,5 fois l'Ebitda, contre 6 à 7 fois prévu précédemment.

Cette amélioration tient notamment à la performance de Paris Aéroports (marque qui regroupe les aéroports parisiens uniquement). Portés par leurs résultats de ces derniers mois, Roissy et Orly visent à retrouver entre 72 et 82 % de leur niveau de trafic de 2019, contre une fourchette initiale comprise entre 65 à 75 %. Ce qui fait sept points supplémentaires.

Des incertitudes fortes persistent malgré la dynamique

Si le renforcement des objectifs est significatif, l'écart entre les hypothèses hautes et les hypothèses basses reste très important. Preuve que les facteurs de risques restent nombreux : le contexte sanitaire instable, la situation géopolitique, la pression environnementale, l'inflation (voire l'hyperinflation en Turquie, la faiblesse du trafic affaires. Toutes les précautions ont d'ailleurs été prises dans la formulation pour les nouveaux objectifs, afin de préciser que ces chiffres peuvent varier en cas de nouvelles restrictions sanitaires, de volatilité anormale des taux de change ou d'inflation, ou encore de déstabilisation du modèle économique à Paris.

Et même sans nouveau cataclysme, la marche à franchir reste importante. Avec 118 millions de passagers sur les six premiers mois de l'année, le groupe ADP fait plus que doubler son trafic par rapport à 2021. « C'est une claire amélioration », souligne d'ailleurs son PDG, Augustin de Romanet. Pourtant, malgré cette performance, le groupe n'a récupéré que 72 % de son niveau de 2019. Il doit donc faire encore mieux au second semestre.

C'est aussi le cas pour les aéroports parisiens. Après avoir mis plus de temps à repartir que les aéroports turcs ou indiens du groupe, ils ont connu un rebond impressionnant. Roissy et Orly ont multiplié leur trafic par trois sur un an, ce qui a permis d'ouvrir l'ensemble des terminaux mis à part le terminal 1 de CDG encore en travaux. Mais là aussi, cela ne représente que 72 % du niveau de 2019.

La dynamique de trafic joue néanmoins en faveur du groupe ADP. Augustin de Romanet souligne ainsi que Paris Aéroports avait retrouvé environ 61 % de son trafic au premier trimestre, qui était encore marqué par le variant Omicron, mais plus de 80 % au second trimestre. Les tendances sur l'été semblent également bonnes, avec un niveau de trafic qui devrait s'avérer élevé en dépit des perturbations de ces dernières semaines (annulations de vols, mouvements sociaux). Le patron des aéroports parisiens souligne d'ailleurs des pointes de trafic égales, voire supérieures à celles de 2019 sur certains jours. Le quatrième trimestre est pour l'instant plus incertain au vu des facteurs de risques qui pèsent sur la demande.

Une marge opérationnelle qui dépasse 2019

En attendant, l'augmentation du trafic se traduit par « une performance financière solide » telle que la qualifie Augustin de Romanet. Le chiffre d'affaires connaît une croissance inférieure à celle du trafic, mais double tout de même pour atteindre 2 milliards d'euros. Il progresse sur tous les segments, à savoir les activités aéronautiques (+99%) et les commerces et services (+116 %) pour le périmètre Paris Aéroports, ainsi que les participations internationales (+143 %). La maîtrise des coûts, dont la hausse a été limitée à 38 %, a permis au groupe de dégager un Ebitda positif de 702 millions d'euros. C'est 4,5 fois plus que l'an dernier et presque autant qu'en 2019. Surtout ADP présente une marge de 35 %, soit sept points de plus qu'avant la crise. Et le résultat net repart dans le vert, avec un bénéfice de 160 millions d'euros.

Des coûts supplémentaires devraient néanmoins se faire sentir entre la reprise du trafic et l'inflation, notamment pour les charges de personnel. Après d'importantes réductions pour faire face à la crise, avec des baisses d'effectifs dont une rupture conventionnelle collective pour 1.150 salariés à Paris, celles-ci ont déjà augmenté au premier semestre et devraient s'accroître encore au second. Sur les aéroports parisiens, le groupe a stoppé l'activité partielle et repris son recrutement avec un plan de 600 embauches pour accompagner la reprise du trafic. Il a également signé deux accords, l'un pour que les collaborateurs concernés par le controversé Plan d'adaptation des contrats de travail (PACT) retrouvent leur niveau de rémunération de 2019, l'autre pour une augmentation générale supplémentaire de 3 % pour tous les salariés. L'impact de ces deux accords est estimé à 13 millions d'euros sur le second semestre.

Léo Barnier

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