
Comme beaucoup de voyageurs français, les habitués de l'aérogare de Caen ont appris à reconnaître la livrée à carreaux qui barre la dérive des avions de Volotea. Débarquée en 2014, pour que la Normandie « ne soit plus l'oubliée du développement des low cost dans l'ombre de la région parisienne », la compagnie espagnole a d'abord tâté le terrain comme elle en a coutume. Elle s'y est lancé prudemment en commençant par deux liaisons saisonnières vers la Corse.
« A l'époque, c'était un pari audacieux, se souvient Maryline Haize Hagron, directrice de la plateforme. Elle avait à peine trois ans d'existence et la plupart des clients écorchaient son nom ».
Sept ans plus tard, Volotea, qui a doublé son offre de sièges sur le marché français cette année, fait mentir les Cassandre qui ne donnaient pas très cher de sa stratégie. Sur le tarmac normand, sa croissance est à l'avenant. Sur les dix liaisons disponibles, elle en opère désormais sept (bientôt huit) vers Marseille, Toulouse, Ajaccio, Bastia, Figari et depuis quelques semaines vers Nice et Montpellier. Un développement en ligne avec la volonté affichée de ses dirigeants de « relier entre elles les grandes capitales régionales ».
A partir d'avril, elle se paiera même le luxe de concurrencer Hop! sur sa liaison historique vers le hub de Lyon avec deux vols hebdomadaires annoncés à partir de 29 euros. « Cela va susciter de l'émulation entre les deux compagnies et augmenter le nombre de correspondances possibles », se félicite par avance Manuel Le Roux, président de la Chambre de commerce et délégataire de l'aéroport.
Le maillot espagnol prend la tête
Grâce à cet accroissement des fréquences, la low cost hispanique a fait mieux que digérer le trou d'air de 2020. A Caen, elle est en grande partie responsable des bons résultats « supérieurs aux prévisions » qu'a enregistrés la plateforme l'an dernier suite à un vigoureux rebond à l'été et pendant les vacances d'hiver. Avec quelque 157.000 passagers (+ 54%), elle est devenue sa première contributrice loin devant à la filiale d'Air France dont la fréquentation a connu une hausse moindre (68.000 passagers + 18%) en dépit de l'ouverture d'une nouvelle ligne vers Biarritz.
« C'est la première fois que Volotea passe en tête. On peut parler d'une belle success story », commente Maryline Haize Hagron. Laquelle se prend à espérer -sans paraître trop y croire- que l'aéroport caennais puisse devenir la neuvième base française de la compagnie à bas coûts après celle de Lille annoncée pour avril prochain. « Un avion basé permettrait de créer trente ou quarante emplois et d'assurer des départs vers Marseille plut tôt le matin », souligne-t-elle.
En attendant, c'est à l'aéroport voisin de Deauville, convalescent après une chute drastique de sa fréquentation en 2020 (plus de 90%), que l'espagnole apporte de bonnes nouvelles. En plus de sa liaison saisonnière vers Palma de Majorque en Espagne, elle y proposera au printemps deux autres destinations hebdomadaires vers Palerme en Sicile (le 15 avril) et Olbia en Sardaigne (le 10 mai), deux villes où elle dispose de bases. « Avec ces nouvelles liaisons, la compagnie aérienne des capitales régionales européennes offre à sa clientèle normande un accès direct vers ces îles prisées du sud de l'Italie », vante-t-elle dans un communiqué.
De quoi mettre un peu de baume au cœur du syndicat mixte qui gère la plateforme de la côte fleurie. Un peu seulement car malgré les 30.000 sièges promis par Volotea, il anticipe une diminution par deux du nombre de ses passagers cette année en comparaison de 2019.
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