Cleaning prend le pari du management

La société de nettoyage industriel a choisi de faire confiance aux personnes exclues de l'emploi.

Depuis qu'en 2002 il a pris la direction de Cleaning, la société de nettoyage industriel créée en 1996 par sa mère dans la banlieue de Lille, Yann Orpin ne cesse de relever le défi de la diversité sociale. Chômeurs de plus de 50 ans, femmes isolées, RMistes, personnes handicapées : plus de 50 % de ses 150 salariés sont « des personnes fragilisées auxquelles peu de monde acceptait encore de faire confiance ». Lui a décidé de miser sur eux et de leur proposer un CDI. « Dans ma famille, on a toujours eu la fibre solidaire et moi, c'est le sens que je veux donner à ma vie », explique ce dirigeant de 35 ans, juriste de formation.

détermination

Lauréat du trophée 2007 des Espoirs du management (voir encadré), Yann Orpin a un faible pour « les gens qui ont vécu des choses pas faciles » et « qui savent ce qu'est le travail ». De cette diversité, de ce « puzzle » naissent, selon lui, « une force étonnante et une vraie unité ». La détermination des uns rejaillit vite sur les autres. Et ça marche, les échecs sont rarissimes et les clients de Cleaning très sensibles à la démarche solidaire de la société. Résultat : un chiffre d'affaires en progression de 30 % à 2,6 millions d'euros et 40 embauches en 2008. Avec plus de 15 % de personnes handicapées dans son entreprise, Yann Orpin se situe bien au-delà des obligations légales (*). En 2007, il a embauché trois personnes sourdes mais a aussitôt suivi, avec cinq autres salariés, un stage de formation de quatre mois au langage des signes.

Le gérant de Cleaning pratique aussi ce qu'il a baptisé le « management sans frontières » et tente d'aider ses salariés à régler leurs problèmes matériels ou personnels : « Je pars du principe que quelqu'un qui n'est pas bien dans ses baskets chez lui ne peut pas être bien au travail? » Ainsi, lorsqu'un de ses salariés est tombé dans le piège du surendettement, il appelle le banquier et l'assure que cet employé bénéficie bien d'un CDI dans son entreprise et a toute sa confiance. Une autre fois, pour permettre à une femme au chômage depuis plusieurs années d'accéder à l'emploi qu'il lui proposait, il lui a permis de bénéficier d'un microcrédit pour acquérir un scooter. « On me dit souvent : mais est-ce que c'est à toi de faire ça ? regrette Yann Orpin. À chaque fois, je réponds : si je ne le fais pas, qui le fera ? »

Éric Maitrot, à Lille

(*) Une société de plus de 20 salariés doit compter dans son effectif 6 % de personnes handicapées. Si ce quota n'est pas respecté, sa contribution financière peut atteindre en 2010 jusqu'à 1.500 fois le Smic horaire pour chaque emploi manquant.

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