L'équation est la suivante. Sur les seize milliards de bouteilles plastique achetées chaque année en France, à peine une sur deux est recyclée. Sur ce gisement, seulement 7% redeviennent des bouteilles faute d'une boucle circulaire digne de ce nom. Une hérésie pour les plasturgistes qui peinent à trouver du PET (polyéthylène téréphtalate) recyclé alors même qu'ils seront bientôt contraints d'en intégrer 25% dans les bouteilles plastiques en vertu de la directive européenne sur le plastique à usage unique.
C'est ce qui fait tout l'intérêt de la solution imaginée par Greenbig sur le modèle du "bottle to bottle". Domiciliée à Rouen, cette startup a développé un automate connecté du nom de B:Bot qui collecte les bouteilles plastique, les trie automatiquement en fonction de leur couleur puis les transforme sous vos yeux en paillettes prêtes à être recyclées. Le geste est ludique et récompensé (1 à 2 centimes par bouteille apportée) mais il est surtout vertueux.
« La même bouteille qui vient de la collecte sélective a été polluée par les autres déchets avec lesquels elle a été compactée. Par conséquent, le plastique perd en qualité et est plus compliqué à valoriser », explique Benoît Paget, président fondateur de Greenbig.
Mono-usage, l'automate normand revendique au contraire une pureté proche des 100%. Pour pousser les consommateurs à y déposer leurs bouteilles, il est adossé à un écosystème digital qui permet de sensibiliser le public mais aussi d'ajuster la « récompense » en fonction des demandes : bons d'achat, ajout de points sur les cartes de fidélité, opérations promotionnelles... etc.
Une solution verte et rentable
La formule fait mouche. Fabriquée en France par l'usine Toshiba de Dieppe, la B:Bot a déjà été vendue à 150 exemplaires auprès de chaînes de supermarchés (Leclerc, Super U, Intermarché...) à raison d'environ 25.000 euros l'unité. Avantage de la solution : la revente de la matière première finance intégralement le traitement du déchet. « Les acheteurs remboursent leur investissement en moins de cinq ans en nous cédant les paillettes que nous vendons aux recycleurs » précise Benoît Paget.
Les cours du PET recyclé ne cessant de grimper jusqu'à dépasser aujourd'hui ceux du plastique vierge, le risque est faible, pour ne pas dire inexistant, pour les deux parties. Greenbig qui prévoit de multiplier son chiffre d'affaires par dix cette année, table désormais sur 1.500 machines installées en fin d'année prochaine. De quoi collecter à minima 15.000 tonnes de plastique par an ... et répondre en partie aux attentes des recycleurs. « Ils auront besoin de trouver 100.000 tonnes de PET de seconde main en 2025 pour être dans les clous de la directive européenne » rappelle l'entrepreneur rouennais. Autant dire qu'il reste des marges de progression.
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