L'Etat veut aller vite dans le dossier EDF. A peine la renationalisation évoquée et le processus de succession de Jean-Bernard Lévy lancé, le choix du futur PDG de l'énergéticien ne va pas tarder. Devant la presse samedi, en marge des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a précisé vouloir compter sur une nouvelle direction qui soit « opérationnelle en septembre » pour « reprendre en main la production d'électricité », aujourd'hui « au plus bas depuis des années avec 290 térawattheure » (contre une capacité 460 TW en temps normal) en raison de l'arrêt de plusieurs réacteurs pour des questions de maintenance et des problèmes de corrosion.
27 réacteurs à l'arrêt
Outre la transformation d'EDF, le nouveau patron ou la nouvelle patronne, a également « pour priorité à plus court terme d'assurer la remise en service des réacteurs nucléaires arrêtés pour maintenance », indiquait jeudi Bercy, dans un communiqué.
En pleine crise énergétique, qui pourrait s'accroître en cas d'arrêt des livraisons de gaz russes ou d'un coup de froid cet hiver, EDF doit pouvoir augmenter sa production au cours des prochaines années, a estimé Bruno Le Maire, visiblement agacé par ces « problèmes de production qui ne sont pas acceptables ». Aujourd'hui, 27 réacteurs sont à l'arrêt, sur les 56 que compte le parc nucléaire.
EDF prévoit de remonter la production
Présente également à Aix-en-Provence samedi, Elisabeth Borne a indiqué devant la presse qu'EDF prévoyait d'augmenter sa capacité de production cet hiver. Mais, selon un industriel du secteur, le niveau de production prévu par l'énergéticien reste encore inconnu. La pression sur le parc nucléaire est d'autant plus forte que le gouvernement redoute une coupure totale des livraisons de gaz russe, alors que les volumes arrivant par gazoduc ne représentent déjà plus aujourd'hui que 25% du niveau d'avant-guerre. La France compte encore une vingtaine de centrales électriques à gaz.
« Un hiver froid entraînera une surconsommation de gaz et il faudra puiser dans les stocks, ce qui peut poser des problèmes en cas de pénurie de gaz russe. Cela peut mettre en tension le système électrique et créer des difficultés », explique un industriel.
Résultat, si la France peut compter sur le maintien de sa centrale à charbon de Saint-Avold mais aussi sur des importations d'électricité, Elisabeth Borne a expliqué que l'Etat travaillait sur des scénarios comprenant une baisse de la tension et des délestages qui ne concerneront pas les ménages et les installations essentielles. « Tout ça est largement dans les cartons », a dit la Première ministre.
Appel à la sobriété
Le gouvernement prévoit aussi de demander des efforts aux Français.
« Il faut nous mettre en ordre de bataille maintenant sur l'organisation, le délestage, la sobriété, la réduction de consommation... c'est maintenant que nous devons prendre les décisions », a expliqué le ministre de l'Economie, non sans ajouter que le sujet relevait de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
« Il faut trouver un équilibre entre les efforts demandés aux Français, ceux qui doivent être faits par l'administration et les entreprises », a-t-il dit par ailleurs devant la presse, en posant la question sur la nécessité de continuer à chauffer les piscines, « toutes chauffées au gaz ». D'autres mesures existent évidemment, comme une réduction de la température du chauffage, une baisse de l'utilisation de la voiture, une baisse de la vitesse sur les routes...
Une baisse de la consommation pourra passer, certes, par le respect de gestes citoyens, mais surtout par des mesures incitatives pour moins consommer et décaler la consommation.
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