Éolien flottant : des enjeux de visibilité industrielle et d’acceptation citoyenne

La Bretagne a accueilli pour la première fois à Saint-Malo, la 8e édition des Rencontres internationales de l’éolien offshore flottant, FOWT 2021. Alors que l’appel d’offres AO5, qui concerne la création en Bretagne Sud du premier parc éolien flottant en mer à horizon 2029, vient d’être lancé, la filière vante les qualités d’une technologie prometteuse pour l’avenir. En France, quatre régions sont impliquées dans l’éolien flottant.
La Région Pays de la Loire, qui abritera le premier parc éolien posé au large de Saint-Nazaire (80 éoliennes à fin 2022), représente à elle seule un tiers des 4.800 emplois liés aux EMR.
La Région Pays de la Loire, qui abritera le premier parc éolien posé au large de Saint-Nazaire (80 éoliennes à fin 2022), représente à elle seule un tiers des 4.800 emplois liés aux EMR. (Crédits : MG)

« C'est une aventure industrielle lourde, mais il faut la traiter comme une ambition de souveraineté énergétique. » Comme ses homologues des autres régions impliquées dans l'éolien offshore flottant (Occitanie, Région Sud et Pays de la Loire) et comme les industriels, le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard réclame à l'État une meilleure visibilité pour contribuer efficacement à la décarbonation du mix énergétique et à la transition énergétique.

« La stratégie de la Bretagne passe par un territoire zéro émission nette. Il faut pour cela que les régions restent convaincues d'investir des millions dans les innovations, dans leurs ports et dans leurs pôles de compétitivité », a-t-il insisté au cours de la première matinée des 8es Rencontres internationales de l'éolien offshore flottant (FOWT 2021)*, qui se sont tenues de mardi 16 à jeudi 18 novembre à Saint-Malo.

Dans une optique post-élection présidentielle, les entreprises de la filière des énergies marines et les quatre collectivités souhaitent obtenir plus d'assurances de l'État et de clarté sur sa stratégie.

« La feuille de route de la Programmation pluriannuelle de l'énergie 2019-2028 adoptée en avril 2020 ouvre un contexte favorable à la montée en puissance de l'offshore, mais il est fondamental pour les acteurs d'obtenir des engagements fixes du gouvernement afin que le rythme ne faiblisse pas. L'État doit définir des zones et accompagner le déploiement des projets selon une planification découpée par année si l'on ne veut pas prendre de retard », a fait remarquer Nicolas Wolff, le président de France Énergie Éolienne et co-organisateur de FOWT avec le Pôle Mer Méditerranée.

220 millions investis dans le port de Brest et le quai dédié aux EMR

L'édition 2021 de ces rencontres, qui ont réuni 900 participants de 30 pays, était déterminante pour les acteurs publics et privés dans le contexte lié au lancement de l'appel d'offres AO5 en Bretagne Sud, pour lequel 10 candidats ont été pré-sélectionnés par l'État.

Ce parc éolien flottant d'une puissance de 250 MW installés à horizon 2029 est le premier commercialisé en France et en Europe. Avec, en plus, quatre fermes pilotes en Bretagne et en Méditerranée, la France est plutôt bien positionnée.

 À Saint-Malo, les quatre régions impliquées ont notamment mis en avant leurs collaborations, leurs investissements et les soutiens apportés aux entreprises et aux infrastructures de leurs territoires.

En Bretagne, l'écosystème est fédéré depuis 2018 au sein du collectif Bretagne Ocean Power qui accompagne plus de 150 entreprises afin que leur offre soit en adéquation avec les besoins des donneurs d'ordre. Le conseil régional investit pour sa part 220 millions d'euros dans le port de Brest, notamment sur le polder avec le renforcement du nouveau quai dédié aux énergies marines renouvelables (EMR).

Celui-ci est déjà utilisé par le groupement espagnol Navantia-Windar pour fabriquer une partie des fondations des 62 éoliennes du très controversé parc offshore posé d'Ailes Marines (filiale à 100% d'Iberdrola) en baie de Saint-Brieuc, mais il pourra aussi abriter la filière de l'éolien flottant. Tout comme la base portuaire de Lorient.

Croissance significative de l'éolien offshore

Les acteurs publics et privés n'en doutent pas : l'éolien flottant représente une technologie prometteuse pour l'avenir et créatrice d'emplois.

La région Pays de la Loire qui abritera le premier parc éolien posé au large de Saint-Nazaire (80 éoliennes à fin 2022), représente à elle seule un tiers des 4.800 emplois liés aux EMR. France Énergie Éolienne évalue la filière à 20.000 emplois directs et indirects, avec un tiers des sites de production en éolien offshore.

Selon les six scénarios analysés dans son étude prospective pour le futur énergétique de la France en 2050, le gestionnaire RTE considère qu'il est impossible d'atteindre la neutralité carbone sans un développement significatif des énergies renouvelables et qu'il faudra multiplier par 10 et jusqu'à 30 la part de l'éolien offshore. Le flottant pourrait représenter entre 30% et 70%.

Le réseau de transport d'électricité accompagne 17 projets en cours et prévoit d'investir 8 milliards d'euros d'ici à 2035 pour la mise en service de 10 gigawatts. Trois mégawatts issus de l'éolien flottant seront introduits dès 2025 dans le mix énergétique français.

Débat public, études et concertation

Outre les questions d'aménagement du territoire et de développement équilibré, l'éolien en mer est confronté à un autre enjeu : celui de l'acceptabilité des citoyens et des professionnels de la mer.

Pour concilier économie et écologie, les collectivités prônent la concertation et la transparence. Depuis 2013, le Parlement de la mer d'Occitanie estime avoir, grâce au travail de concertation, créé les conditions favorables à l'installation des fermes pilotes au large de Gruissan et de Leucate/Barcarès. La Région indique aussi avoir activement participé au débat public préalable au lancement du premier appel d'offres de parc commercial en 2022.

« Le flottant inquiète moins les riverains de la côte que le posé. Après le débat public, la concertation se poursuit en Bretagne Sud », assure de son côté Loïg Chesnais-Girard. L'élu est convaincu que les discussions et les études rassurantes sur l'impact écologique finiront aussi de lever les inquiétudes des pêcheurs concernant le parc posé de Saint-Brieuc.

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(*) FOWT,  pour Floating Offshore Wind Turbine

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Commentaires 4
à écrit le 19/11/2021 à 14:17
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Ben oui, le vent ou il souffle tout le temps c'est en mer, l'autre semaine on quitte la Mayenne éoliennes au ralenti, arrivés à st michel chef chef 5 éoliennes sur le même couloir de bien alignées tournant 4 fois plus vite! il n'y a pas photo

à écrit le 19/11/2021 à 10:11
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Je crains qu'un jour il ne faille choisir dans l'urgence entre les bidules du renouvelable et une production de masse d'électricité décarbonée..

à écrit le 19/11/2021 à 9:18
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bla bla bla, le portugal est leader dans l'éolien flottant 25mw installé depuis ... 3 ans, mais pendant que d'autres agissent, en france c'est toujours bla bla bla.

à écrit le 19/11/2021 à 8:28
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"Occitanie, Région Sud et Pays de la Loire" Et ils foutent quoi nos élus de nouvelle aquitaine ?! On a pas assez de côtes océanes pour eux ? Hé ho les gars vous habitez pas en Suisse hein !

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