L'Europe échoue à s'entendre sur l'arrêt du financement des énergies fossiles

L'Allemagne s'oppose aux projets de la Banque européenne d'investissement, réclamant que les projets gaziers soient exclus de cette mesure.
Depuis 2013, la BEI a investi plus de 13 milliards d'euros dans les énergies fossiles, principalement dans des projets de transport et d'extraction de gaz.
Depuis 2013, la BEI a investi plus de 13 milliards d'euros dans les énergies fossiles, principalement dans des projets de transport et d'extraction de gaz. (Crédits : Reuters)

Simple contre-temps ou véritable coup d'arrêt aux ambitions vertes de la banque européenne d'investissement (BEI) ? Réuni mardi à Luxembourg, le conseil d'administration de l'établissement n'a pas trouvé d'accord sur l'arrêt des financements des énergies fossiles d'ici à la fin 2020. Une mesure notamment rejetée par l'Allemagne, qui réclame donc des ajustements.

Depuis 2013, la BEI a investi plus de 13 milliards d'euros dans les énergies fossiles, quasi-intégralement dans des projets de transport et d'extraction de gaz. Berlin, premier actionnaire de l'institut, demande que les projets gaziers soient exclus de la future interdiction. D'autres pays, dont la Pologne et l'Italie, défendent la même position, alors que la Commission européenne a également exprimé ses doutes.

Malgré ce premier échec, les dirigeants de la BEI restent optimistes. "Nous aurions peut-être besoin d'un peu plus de temps", avait d'ailleurs prévenu Ambroise Fayolle, le vice-président français de l'établissement. Une prochaine réunion du conseil d'administration est prévu le 14 novembre pour se prononcer sur la nouvelle politique d'investissements de la banque.

1.000 milliards d'euros d'investissements verts en dix ans

Au-delà de l'arrêt des financements des énergies fossiles, la BEI souhaite en effet lancer une vaste politique de soutien aux projets de lutte contre le changement climatique. La banque espère se fixer un objectif ambitieux: 1.000 milliards d'euros d'investissements pour la période 2020-2030. "L'urgence climatique est reconnue", justifie Ambroise Fayolle, le vice-président français de l'établissement.

Lire aussi : L'Europe veut financer 1.000 milliards d'euros de projets verts en dix ans

Pour atteindre cet objectif, la BEI propose que la moitié de ses investissements soient dirigés vers des projets liés au changement climatique et à l'environnement durable d'ici à 2025. L'an passé, cette proportion était légèrement inférieure à 30%, alors que les statuts de la banque fixent un minimum de 25%.

Le bailleur de fonds de l'Union, basé au Luxembourg, investira lui-même environ 30 milliards d'euros par an dans la transition écologique, contre 17 milliards en 2018. La différence, environ 70 milliards par an, doit être apportée par d'autres investisseurs, publics ou privés.

Depuis l'entrée en vigueur du plan Juncker en 2015, la BEI finance des projets plus petits mais aussi plus risqués, afin de compenser les défaillances du marché des capitaux en Europe. Or, souligne Ambroise Fayolle, celles-ci sont "encore plus importantes pour les projets liés à la transition écologique; notamment dans les nouveaux États membres".

Le rôle de la BEI est donc encore plus primordial pour leur réalisation. "Notre but n'est pas de maximiser les profits mais de soutenir les projets qui auront le plus d'impact", rappelle son vice-président. L'institution envisage même de faire un effort supplémentaire: apporter jusqu'à 75% des financements de certains projets, alors qu'elle ne souhaite généralement pas dépasser la barre des 50%.

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Commentaires 9
à écrit le 17/10/2019 à 8:59
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"L'Europe échoue" Oh ben ça alors quelle surprise à laquelle nous ne sommes pas du tout habitués hein...

à écrit le 16/10/2019 à 20:51
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Pendant que macron cherche toujours sa commissaire, l’Allemagne avance ses pions gaziers pour pouvoir fermer ses centrales nucléaires. Au passage, la feuille de route de la commissaire européenne à l’énergie prévoit explicitement le développement du ...

à écrit le 16/10/2019 à 13:04
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sans deconner! pour memo, l'Allemagne a arrete le nucleaire, a cause des manifs ecolo donc comme elle a besoin d'energie elle a fait tourner des usines a lignite, et a importe massivement de l'energie quand besoin vous ne croyez pas qu'en plus le...

le 16/10/2019 à 17:17
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L'exécutif Macron fait souvent des diagnostics justes : -sur le développement du nucléaire, indispensable -sur l'économie où Le Maire reconnait qu'en dehors de l'aéronautique, du luxe et des vins et spiritueux, tout le reste est au tas (le nucléai...

à écrit le 16/10/2019 à 12:48
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Au contraire, il faut accélérer le remplacement des vieilles centrales thermiques par des centrales ultra-supercritiques qui, non seulement, consomment 20%, 30% voir 40% de charbon en moins et qui, aussi, émettent beaucoup moins de dioxyde d'azote, d...

le 16/10/2019 à 15:47
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Visiblement vous n'avez pas encore compris que l'enjeu ce n'est pas de consommer moins de charbon pour produire plus d'énergie mais de le laisser là où il est : sous la croûte terrestre. Car selon votre suggestion on continuera à consommer ce charbon...

le 16/10/2019 à 18:52
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Selon l'agence de l'ONU pour l'environnement, les déchets agricoles disponibles dans le monde représentent, en équivalement énergétique, 1,2 millards de TEP (tonnes équivalent pétrole). La consommation de charbon de toutes les centrales thermiques...

à écrit le 16/10/2019 à 12:24
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C'était joué d'avance, que l'Allemagne, et ses colonies industrielles asservies aux constructeurs autos allemands et leurs aciéries, allaient bloquer la BEI. Les pays les plus polluants en ratio, par tête d'habitant, sont évidement ceux qui bloquent...

à écrit le 16/10/2019 à 11:48
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Ah ben ça alors quelle surprise... La chimère européenne.

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