La startup Stolect teste avec la SNCF un prototype de stockage massif d’électricité verte

La startup francilienne Stolect a levé quatre millions d’euros de financements pour accélérer le développement de sa technologie de stockage massif de l’électricité adaptée à l’électricité renouvelable. Un premier système de série de 1 MW sera testé courant 2023 avec la SNCF sur le Technicentre Maintenance Bretagne, près de Rennes. L’entreprise anticipe une deuxième levée de fonds pour lancer la commercialisation en 2024.
Appelé batterie de Carnot, le stockage par conversion thermique est un type de stockage de l'électricité sous forme de chaleur. Pendant la phase de destockage, la chaleur extraite du stockage est reconvertie en électricité, ré-injectée sur un site ou dans le réseau. Stolect veut adapter cette technologie au stockage des ENR.
Appelé batterie de Carnot, le stockage par conversion thermique est un type de stockage de l'électricité sous forme de chaleur. Pendant la phase de destockage, la chaleur extraite du stockage est reconvertie en électricité, ré-injectée sur un site ou dans le réseau. Stolect veut adapter cette technologie au stockage des ENR. (Crédits : Stolect)

Pour Stolect, startup francilienne fondée en 2019, la SNCF est un partenaire clé. C'est d'ailleurs sur le Technicentre Maintenance Bretagne à Cesson-Sévigné, près de Rennes, que ce spécialiste du stockage massif d'électricité construira, entre fin 2022 et juin 2023, son premier démonstrateur, fondé sur le principe de la conversion thermique. Appelé batterie de Carnot, il s'agit d'un type de stockage de l'électricité sous forme de chaleur. Pendant la phase de déstockage, la chaleur extraite du stockage est reconvertie en électricité, réinjectée sur un site ou dans le réseau.

Constitué de deux enceintes de cinq mètres de diamètres et de six mètres de haut, dans lesquelles ne circulent que de l'air, le futur système d'une capacité de 1MW / 5MWh, et dont la conception est brevetée, contient 100 tonnes de matériaux réfractaires (basaltes, céramiques). Les tests, qui s'effectueront à partir d'une électricité tirée sur le réseau, se dérouleront courant 2023.

Solution adaptée au solaire ou à l'éolien

« Pour cette phase de test, nous avons choisi un site représentatif. La SNCF est le premier consommateur d'électricité en France. Elle consomme beaucoup mais pas au bon moment, plutôt le matin et le soir, horaires qui correspondent à des grilles tarifaires onéreuses. Dans le contexte actuel, la facture s'envole » explique Jean-François Le Romancer, fondateur et président de Stolect.

« L'idée du projet est de favoriser l'insertion des énergies renouvelables dans les réseaux. Notre solution est adaptée au stockage de l'électricité issue du photovoltaïque comme de l'éolien », ajoute le dirigeant.

Cette technologie de stockage stationnaire fait même figure de driver, selon lui, car elle a l'avantage d'offrir des capacités de stockage pouvant aller de plusieurs heures à plusieurs jours.

« Le rendement global visé du cycle est de 70%, ce qui est possible grâce au fonctionnement en circuit fermé » poursuit Jean-François Le Romancer.

Le Groupe Eren dans le tour de table

Pour accélérer le développement technique de sa solution par des recrutements et installer ce premier démonstrateur, l'entrepreneur vient d'annoncer une levée de 4 millions d'euros.

Réunis en partie sous forme de fonds propres, de subventions européennes (Feder Bretagne) et de prêts (Bpifrance, Banque Populaire Grand Ouest, Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire), ces financements proviennent majoritairement d'entrepreneurs et d'industriels du secteur de l'énergie, du numérique et de la finance carbone. Le groupe Eren, via sa filiale de production Total Eren, mais aussi Jean-François Vaury, administrateur de Johes, qui finance des projets liés aux ENR, font partie du tour de table.

 Une deuxième levée de fonds est d'ores et déjà prévue en fin d'année afin de préparer l'étape de la commercialisation prévue pour 2024, en France comme à l'international. Et pour l'installation d'unités de stockage de capacité identique et supérieure, entre 2 et 5 MW (10/20 MWh).

 Répondre aux besoins des zones isolées ou des industriels

« Stolect ouvre la possibilité de faire fonctionner des réseaux 100% en énergie renouvelable (ENR) en convertissant une production variable en une électricité pilotable. Le marché du stockage électrique stationnaire est évalué à 50 milliards de dollars par an jusqu'en 2030, hors mobilité électrique, il est mondial » calcule Jean-François Le Romancer.

Le dirigeant explore particulièrement trois marchés porteurs : les zones isolées toujours fournies en énergie fossile, en Afrique du Nord, en Asie ou en Indonésie par exemple, les gestionnaires de réseaux électriques et acteurs du mix énergétique comme ceux des Drom-Com qui sont incités à faire coïncider production et consommation, enfin les industriels électro-intensifs (PME, secteur agro-alimentaire...) soucieux de faire baisser leur facture énergétique. Les évolutions du marché au cours des derniers mois incitent aussi Stolect à regarder du côté des zones d'activité et des collectivités en France.

Limiter l'impact carbone de la technologie

Actuellement implantée à Rueil-Malmaison, Stolect a pour ambition d'installer une vingtaine d'unités à l'horizon 2026 pour un chiffre d'affaires situé entre 40 et 50 millions d'euros. Le rythme de croisière envisagé par l'entreprise est d'une quinzaine d'installations par an après 2026.

Alors que son projet est soutenu depuis le début par le projet SMILE dédié au développement des smart grids (système énergétiques intelligents) en Bretagne et Pays-de-la-Loire, Stolect envisage aussi de déménager ses bureaux et ses futurs ateliers techniques de fabrication et de maintenance à Rennes sous deux ans, au plus près du premier démonstrateur.

Outre le fait qu'elle pourrait devenir un client, la SNCF sera peut-être aussi, demain, un appui important pour la PME dans le convoyage sur train des éléments de son système de stockage et pour limiter l'impact carbone de sa technologie.

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Commentaires 2
à écrit le 04/07/2022 à 19:14
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Vous confondez les choses M. Studer, le 70% fait référence au cycle de stockage de l'électricité produite en forme de chaleur et reconversion de cet chaleur en électricité. 70% me semble assez possible compte tenu qu'on utilise de l'air pour le milie...

à écrit le 04/07/2022 à 10:41
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C'est toujours intéressant de prendre connaissance de projets innovants initiés par des start-ups. A condition d'avoir des explications suffisamment crédibles sur le consistance du projet. Ici, on nous explique que l'on va développer un dispositif ...

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