Vingt-quatre pays rejoignent l’engagement américano-européen pour baisser les émissions de méthane

Le soutien politique se renforce contre le méthane, ce gaz à effet de serre longtemps mis de côté : plus de trente pays font désormais partie du projet d'accord initié par Washington et l'Union européenne pour en réduire les émissions. Le but : rester dans les clous de l'Accord de Paris d'augmentation des températures de 2°C, si possible 1,5°C, d'ici à la fin du siècle.
L'agriculture et de l'élevage sont responsables de plus de la moitié des émissions anthropiques de méthane, via les phénomènes de fermentation lors de la digestion du bétail, notamment des bovins.

C'est un nouveau partenariat mondial qui se dessine, à l'aube de la conférence climat de l'ONU (COP26), dont l'ouverture est prévue le 31 octobre à Glasgow. Plus de vingt nouveaux pays ont rejoint un effort mené par les États-Unis et l'Union européenne afin de s'attaquer à un autre gaz que le dioxyde de carbone (CO2), moins connu mais aux effets tout aussi redoutables, le méthane (CH4). Avec un objectif clair : en réduire les émissions de 30% d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2020.

Pour cause, alors que le CH4 est 80 fois plus réchauffant que le CO2 sur une échelle de vingt ans, ses émissions ont bondi à près de 600 millions de tonnes en 2017, soit 50 millions de plus que durant la période 2000-2006. Aujourd'hui, elles atteignent plus de deux fois et demi le niveau préindustriel, et sont au plus haut depuis 800.000 ans, selon le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). De quoi miner les objectifs de l'accord de Paris et conduire la planète vers un fort réchauffement (entre 3 °C et 4 °C) d'ici à la fin du siècle. Pour y remédier, elles devraient être réduites de près de moitié dans le monde d'ici à 2050, affirme le GIEC.

60% du PIB mondial

Conscients du problème, les Etats-Unis avaient lancé le 17 septembre un projet d'accord avec l'Union européenne sur la réduction de ces émissions, le « Global Methane Pledge », appelant le monde entier à afficher « ses plus grandes ambitions » en la matière. Neuf pays avaient immédiatement répondu favorablement, parmi lesquels la Grande-Bretagne, l'Indonésie ou encore le Mexique. Ce lundi, lors d'une réunion virtuelle co-organisée par Washington et Bruxelles, l'émissaire américain pour les négociations climatiques John Kerry a annoncé que 24 autres pays avaient rejoint l'initiative.

« Nous avons désormais neuf des 20 plus gros émetteurs, qui représentent 60% de l'économie mondiale » et près de 30% des émissions mondiales de méthane, s'est-il félicité.

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Le Canada, la France, l'Allemagne, le Japon, le Pakistan, Israël, la République démocratique du Congo, ou encore le Costa Rica figurent parmi les nouveaux adhérents, s'engageant ainsi à conclure l'accord lors de la COP26. L'annonce a été saluée dans la foulée par l'Environmental Defense Fund, une ONG américaine de défense de l'environnement.

« Le fonds pour le méthane représente un soutien crucial pour intensifier les efforts mondiaux nécessaires pour tenir rapidement ces engagements. Ce sont des ressources essentielles, à un moment critique, qui feront sans aucun doute une différence tangible dans la réduction de la pollution au méthane cette décennie », a réagi Fred Krupp, son président.

Des secteurs différents selon les pays

S'il est bien entériné, cet accord pourrait avoir un impact significatif sur les secteurs de l'énergie, de l'agriculture et des déchets, responsables de la plupart des émissions de méthane. Par exemple, le Canada s'est notamment engagé à réduire les émissions de méthane provenant du secteur pétrolier et gazier d'au moins 75% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2012, a annoncé lundi le ministre de l'Environnement, Jonathan Wilkinson. C'est le premier pays à faire sien cet objectif fixé par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

« Un objectif de 75%, c'est important, et nous encourageons d'autres pays producteurs de pétrole et de gaz à l'adopter », a déclaré le ministre canadien.

Mais tous les pays ne présentent pas la même gamme de profils d'émissions de CH4. Par exemple, la principale source de rejet de méthane au Pakistan n'est pas le secteur pétrogazier mais l'agriculture, tandis qu'en Indonésie, les principaux responsables sont les déchets, qui en dégagent lors de leur fermentation.

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Pour que « la vague de soutien se poursuive », les États-Unis échangeront avec d'autres grands émetteurs de méthane des économies émergentes tels que l'Inde et la Chine, pour les exhorter à s'unir dans les semaines précédant la COP26. Reste que Washington n'a toujours pas publié ses propres réglementations en la matière, qui devraient arriver dans les prochaines semaines.

(Avec AFP et Reuters)

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Commentaires 3
à écrit le 12/10/2021 à 5:26
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Apres le pass sanitaire bientot le pass anti-pet en France. Ceux qui ne se conformeront pas seront interdit de wc.

à écrit le 12/10/2021 à 3:49
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OUI. la solution et deja toute trouvee; les proteines animales peuvent etre remplacees par des proteines d insectes.(de meilleur qualite ) c est deja le cas de 2 licornes francaises Fin 2021, Ynsect devrait fabriquer près de 15 000 tonnes de farine...

à écrit le 11/10/2021 à 19:23
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Après les hublots on va poser des pots catalytiques aux vaches plutôt que de s'attaquer aux méthodes agro-industrielles.

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