Les bâtiments neufs passent à la chasse au gaspi

Toute nouvelle construction devra bientôt respecter la norme basse consommation.

Régime minceur. Energétiquement parlant bien sûr! C'est le leitmotiv de la « RT 2012 », la nouvelle réglementation thermique que le ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo et son secrétaire d'État au Logement Benoist Apparu ont présentée hier mardi. Découlant du Grenelle de l'environnement (lois Grenelle 1 et 2), cette nouvelle réglementation concernera les constructions neuves du secteur tertiaire et les bâtiments publics dès juillet 2011. Le secteur résidentiel n'y sera soumis qu'à compter du 1er janvier 2013. A partir de ces dates, ne seront plus construits que des bâtiments basse consommation (BBC), c'est-à-dire des bureaux, hôpitaux, écoles, logements, locaux divers, etc, dont la facture énergétique ne dépassera pas 50 kWh par m2 et par an. Pour saisir l'ampleur du pas réglementaire, il faut rappeler qu'actuellement la consommation n'est plafonnée qu'à 150 kWh/m2/an.

L'enjeu est immense, autant d'un point de vue écologique qu'économique. Avec 68 millions de tonnes équivalent pétrole, soit 42 % de la consommation totale, le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur français d'énergie. Et, par conséquent, le plus gros émetteur de dioxyde carbone (CO2), avec 23 % des émissions globales, soit environ 123 millions de tonnes par an. Les économies d'énergie sont donc à proportion : en admettant que ce chantier soit mené à terme, il permettra à l'horizon 2020, d'éviter la consommation de 150 milliards de kWh selon le gouvernement. Ce qui n'est pas une mince affaire sachant que la production annuelle nucléaire française est d'environ 400 milliards de kWh. Par ailleurs, qui dit économies d'énergie dit économies financières. Selon Jean-Louis Borloo, « chaque logement énergétiquement maîtrisé, ce sont des économies de 5.000 à 15.000 euros sur vingt ans ». « La RT 2012 est un bon exemple du fait que l'on peut faire rimer défense de l'environnement, amélioration de la qualité de vie, lutte contre la précarité et développement d'alternatives économiques viables », commente Bruno Genty, président de France Nature Environnement. Reste que construire BBC représente un surcoût de 7 % à 15 %, qui se répercute au moins « pour moitié » sur les prix de vente des bâtiments, a reconnu Benoist Apparu. Le secrétaire d'État au logement s'est félicité de constater que le secteur de la construction avait « anticipé » le chantier thermique avant même qu'il ne soit légalement instauré. Il a indiqué que déjà « 45.000 demandes de certification BBC, soit 20 fois plus que prévu lors du Grenelle de l'environnement » ont été déposées en 2010 (20.000 l'année précédente). « Le BBC est en train de devenir la norme de construction en France », s'est-il réjouit.

L'optimisme du secrétaire d'État est-il exagéré ? Sans doute. Car avant d'être mené à bien, cet immense chantier devra résoudre au moins deux problèmes de fond. D'une part, que les professionnels du bâtiment se forment aux techniques de construction « verte » ce qui n'est pas vraiment le cas aujourd'hui. D'autre part, que les industriels développent et mettent sur le marché les nouveaux matériaux et appareils dont les performances et la qualité permettront de respecter la norme des 50 kWh/m2 durablement et sans surcoût exagéré.

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