En Grande-Bretagne, le mix nucléaire + gaz préféré aux énergies renouvelables

Selon une étude publiée Outre-Manche, mieux vaut miser sur des centrales atomiques et à gaz que sur l'éolien et le solaire pour atteindre les objectifs de réduction d'émission de CO2 fixés pour 2020.
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Ce que le grand cabinet KPMG n'a pas osé, AF Consult l'a fait. Dimanche 4 mars, ce cabinet de conseil indépendant anglais a rendu publics les résultats d'une étude initialement menée avec le géant international de l'audit.
Il s'agissait d'étudier les pistes les plus économiques pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre que s'est fixés le pays. Après que quelques-unes des conclusions de ce rapport rédigé en 2011 avaient fuité dans la presse et alimenté de vives polémiques sur le coût des énergies renouvelables en fin d'année dernière, KPMG avait il y a quelques semaines renoncé à en publier l'intégralité, au motif qu'il prêtait le flanc à de fausses interprétations. Les premiers résultats avaient fortement déplu au gouvernement comme aux acteurs industriels des énergies renouvelables, et la méthodologie adoptée avait été attaquée par des associations écologistes.

54 milliards d'euros économisés

Mais il semblerait que la version publiée par AF Consult aille encore plus loin. Ainsi, selon ses experts, le remplacement des projets éoliens prévus au Royaume-Uni par des centrales nucléaires et au gaz permettrait d'économiser 45 milliards de livres sterling (54 milliards d'euros) d'ici à 2020. Une économie que KPMG avait pour sa part évaluée à 34 milliards de livres (40, 8 milliards d'euros).
Plusieurs scenario ont été étudiés, notamment en séparant l'objectif de réduction des émissions de CO en 2020 de celui de la part d'énergies renouvelables. En ne considérant que l'aspect coût et émissions de CO2, le mix nucléaire/gaz l'emporte largement, avec un investissement évalué à 24 milliards de livres d'ici à 2020 au lieu de 69 milliards en respectant des objectifs de renouvelables.
Le gouvernement et les professionnels des renouvelables ont à nouveau rejeté ces conclusions au motif que la méthodologie utilisée ne prenait pas en compte le coût réel des nouvelles centrales (nucléaires ou au gaz) sur toute leur durée de vie. Le département de l'énergie et du changement climatique (DECC) a critiqué le fait de se limiter à deux sources d'énergie, de prendre pour base une capacité de production insuffisante, de ne tenir compte ni de la hausse attendue de la demande en électricité, ni de la baisse des coûts des énergies renouvelables, ni de la volatilité des cours du gaz. Ses représentants ont par ailleurs rappelé l'enjeu industriel lié au développement des énergies renouvelables.

Pas de nouvelle centrale nucléiare d'ici à 2020

D'autres critiques virulentes sont venues du secteur éolien (l'éolien offshore est l'énergie renouvelables sur laquelle le Royaume-Uni mise le plus) et de producteurs d'électricité verte, qui ont rappelé quelques vérités semble-t-il ignorées des auteurs de l'étude. Ainsi, la hausse des prix du gaz a d'ores et déjà conduit certains producteurs à abandonner le gaz devenu pour revenir au charbon, très émetteur de gaz à effet de serre. Enfin, d'ici à 2020, première échéance en matière d'émissions de CO2, aucun nouveau réacteur nucléaire ne peut entrer en fonctionnement, rappellent-ils.
KPMG doit se féliciter d'avoir renoncé à publier ce rapport. Certains voient d'ailleurs dans son refus d'y associer son nom la meilleure preuve de sa faiblesse.
 

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Commentaire 1
à écrit le 07/03/2012 à 14:44
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Ce rapport est partiel et non réaliste. Contredit d'ailleurs par exemple par la Suède qui traite le sujet depuis 1974 et a fait les choix contraires alors que les énergies renouvelables étaient bien plus coûteuses et à leurs débuts.

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