Energies renouvelables, les nouvelles armes du Pentagone

A la recherche d'économies et d'indépendance énergétique pour ses troupes, le Pentagone joue un rôle majeur dans le développement des énergies renouvelables aux Etats-Unis.
Photo Reuters

Le Département de la Défense américain (DoD) s'est lancé dans une nouvelle guerre...  contre la facture énergétique de son administration. Le plus gros consommateur d'énergie des Etats-Unis s'intéresse tout particulièrement à toutes les solutions, qui pourraient l'aider à abaisser la facture tout en le rendant moins dépendante des importations d'énergies fossiles.

Une chasse au gaspi indispensable car la facture énergétique de l'armée américaine s'élève aujourd'hui à 15 milliards de dollars par an (11,43 milliards d'euros), soit 70 % de la consommation de l'Etat fédéral. Le département de la Défense consacre chaque année 4 milliards de dollars pour alimenter en énergie 300.000 bâtiments, qui représentent une surface de quelque 2,2 milliards de mètres carrés.

Un acteur majeur dans le développement des énergies renouvelables

Rien d'étonnant donc, si comme le souligne le cabinet américain Clean Edge dans son rapport annuel sur le secteur des cleantechs rendu public ce mardi 13 mars, l'US Army joue un rôle majeur dans le développement des énergies renouvelables aux Etats-Unis. Pour limiter la consommation en énergie fossile sur les bases militaires comme sur le terrain, le président américain, Barak Obama, propose dans son budget 2013 de faire passer l'enveloppe du Pentagone dédiée aux renouvelables de 400 millions à un milliard de dollars. Une proposition qui a peu de chance d'être adoptée par le Congrès mais n'en demeure pas moins un symbole fort.

Sur le terrain, toutes sortes d'inventions sont déployées, telles que des batteries solaires et des systèmes portables de purification d'eau utilisées en Afghanistan seulement huit mois après avoir été présentés aux Marines. Sur les bases, un programme baptisé « NetZero Base » (soit « zéro énergie, zéro eau et zéro déchet en 2020 »), mis en oeuvre sur cinq sites pilotes, doit être élargi à 25 bases en 2025 et à la totalité des sites d'ici à 2050.

De gigantesques installations solaires fleurissent sur les bases militaires

L'autoconsommation (c'est-à-dire la consommation de l'énergie produite sur place) est évidemment l'une des principales pistes pour atteindre ces objectifs, et permet par la même occasion de s'affranchir de la dépendance au réseau public d'électricité. Ainsi, en Californie, la base de China Lake s'est équipée d'une ferme solaire construite et opérée par SunPower (passé depuis dans le giron de Total), qui a conclu à cette occasion le premier contrat d'achat sur 20 ans avec une agence fédérale. Ses 13,8 mégawatts (MW) fourniront 30 % de la consommation de la base.

D'autres bases ont suivi le même chemin mais le plus spectaculaire reste le projet SolarStrong, mené en coopération avec l'entreprise SolarCity. Il s'agit de couvrir de panneaux solaires quelque 120.000 habitations militaires. Cette opération pourrait atteindre une puissance de 300 MW qui doublerait la production actuelle d'énergie solaire issue du résidentiel. Une étude du département de la Défense vient d'évaluer à 7.000 MW (soit 7 GW) la puissance qui pourrait être générée par le solaire en utilisant seulement un quart de l'espace disponible sur les bases des Etats-Unis. Soit 30 fois plus que leur consommation actuelle.

D'importants besoins en carburants alternatifs

Quant à l'US Air Force, qui consomme la moitié du carburant brûlé par l'armée, elle s'est engagée à utiliser 50 % d'agro-carburants pour son aviation domestique. La marine vise le même objectif pour ses navires et ses avions à l'horizon 2020, pour une quantité estimée à 336 millions de gallons (1,27 milliards de litres). Déjà, en décembre dernier, elle a passé la plus grosse commande du genre : 450.000 gallons (1,7 milliards de litres) de carburant issu d'algues et d'huile de cuisine, à une co-entreprise créée par le spécialiste des agrocarburants de deuxième génération Solazyme et l'entreprises agro-alimentaire Tyson Foods Syntroleum.

« Le département de la Défense n'a pas d'attentes en termes de retour sur investissement, souligne Clint Wilder, l'un des auteurs de l'étude. Son objectif est d'abaisser ses propres coûts. Cela lui permet de participer au financement de technologies, qui ne seraient jamais passées par les fourches caudines du capital risque ».

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