La croissance ne fait pas le bonheur. Partant de ce constat aussi ancien que la comptabilité nationale, Nicolas Sarkozy a confié à deux Prix Nobel d'économie, l'Américain Joseph Stiglitz et l'Indien Amartya Sen, une mission de réflexion pour " réfléchir aux limites de la comptabilité nationale ". Le héraut du " travailler plus pour gagner plus " souhaite " une mesure plus complète " du " progrès économique " qui " prenne mieux en compte les conditions réelles et la qualité de vie des Français ".La critique du produit intérieur brut (PIB), dont la production est assurée en France par l'Insee, n'est pas nouvelle. Dès les années 50, l'économiste Jan Tinbergen proposait déjà de calculer un " bonheur national brut ". Créé juste après la Seconde Guerre mondiale dans un contexte " fordiste ", le PIB mesure la production de biens et services faisant l'objet d'une transaction monétaire. C'est un outil indispensable pour la compréhension de l'économie. Mais il ne permet pas de mesurer l'utilité des biens et services produits." En éloignant les gens de leur lieu de travail, on gonfle le PIB en accroissant la production de transport, explique Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE. Est-ce que le bien-être des salariés s'en trouve pour autant accru ? " Pour pallier ce type de lacune, l'ONU a créé un indice de développement humain qui tient notamment compte de l'espérance de vie, de l'accès à la santé ou à l'éducation.L'autre critique faite à la comptabilité nationale est son incapacité à prendre en compte la dégradation de l'environnement et l'épuisement des ressources naturelles. Une comptabilité dite patrimoniale a été développée afin de prendre en compte la pollution des sols, des rivières, de l'air et l'épuisement des ressources naturelles. Sa mise en oeuvre ne serait pas très onéreuse. Reste à savoir si changer d'indicateur permettra, comme le souhaite Nicolas Sarkozy, de changer les comportements. Et rendre les Français plus heureux !

latribune.fr

26 Sept 2008, 1:32

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