Le Pakistan cherche la voie de la normalisation

Trois jours après avoir tenu ses élections législatives, le Pakistan semblait comme soulagé. Pour combien de temps ? Ensanglanté par une série d'attentats avant le scrutin de lundi, le " pays des purs " peut se féliciter d'avoir respecté une échéance électorale difficile, reportée une fois après l'assassinat fin décembre de Benazir Bhutto, l'ancienne Premier ministre, qui faisait figure de principale opposante au président Pervez Moucharraf. Hier, l'indice boursier de Karachi a favorablement réagi à l'approbation de l'essentiel des résultats par les partis politiques en progressant légèrement. De son côté, la roupie s'est appréciée face au dollar.Mais " les vrais problèmes commencent ", a confié à La Tribune Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS. À commencer par la formation d'une inévitable coalition gouvernementale. Grands vainqueurs du scrutin, le parti de Benazir Bhutto, le PPP (Pakistan Peoples Party) qui a gagné 87 sièges sur les 258 pourvus lundi, et celui de l'autre ancien Premier ministre, Nawaz Sharif, le " PML (N) " (Pakistan muslim League), fort de 66 sièges, devaient se réunir aujourd'hui pour en débattre.ETATS-UNIS INQUIETSUn des enjeux cruciaux des négociations est le maintien ou non du président Moucharraf, arrivé au pouvoir en 1999 à la faveur d'un coup d'État et, à plus long terme, la normalisation politique d'un pays qui est pratiquement resté sous l'emprise de l'armée depuis sa création. " Est-ce que le Pakistan va réussir à changer de paradigme politique, à poursuivre la normalisation de ses relations avec l'Inde, à cesser d'instrumentaliser le djihad et les talibans à des fins de politique intérieure, à ouvrir le jeu politique et économique aujourd'hui entre les mains des élites et des grands féodaux ? ", s'interroge Jean-Luc Racine, qui s'avoue " sceptique ". Dans une interview au Wall Street Journal hier, Pervez Moucharraf, grand perdant du scrutin, a signifié son intention de se maintenir dans son fauteuil, où il exerce un " second " mandat après la présidentielle de 2007. Mais son élection a été contestée par la Cour suprême et Nawaz Sharif, ce qui inquiète les États-Unis qui ont misé sur Moucharraf pour mener la lutte contre le terrorisme islamiste.Quoi qu'il en soit, une fois formée, la future coalition devrait rallier les deux tiers des voix des deux chambres, si elle veut obtenir le départ de Moucharraf ou, à tout le moins, le priver de l'essentiel de ses pouvoirs (droit de dissolution de l'Assemblée nationale, nominations...). Mais avant cela, le PPP et le PML (N) devront surmonter leurs propres antagonismes.
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