La réforme économique tchèque risque d'être ralentie

Le président tchèque Vaclav Havel a nommé hier, à Prague, le gouvernement dirigé à nouveau par Vaclav Klaus, le chef de la coalition libérale au pouvoir depuis 1992. Si l'alternance n'a pas eu lieu, le résultat des élections législatives de juin va limiter la marge de manoeuvre de la coalition : elle a perdu la majorité absolue au Parlement, face à une opposition hétérclite de sociaux-démocrates en forte progression, de communistes et de membres de l'extrême droite. Cette fragilité nouvelle, alors que le président du Parlement, Milos Zeman, est issu des rangs de l'opposition, se répercutera sur son action économique. C'est que Milos Zeman, chef du Parti social-démocrate, qui a été placé à la tête de la chambre pour assurer un soutien de l'opposition lors du vote de confiance prévu à la mi-juillet, s'apprête à faire payer cher son soutien. Au-delà de l'investiture, qui devrait se faire sans heurts, le train de la transformation économique qui, sous la férule de Klaus, prenait parfois l'allure d'une « révolution thatchérienne », va à coup sûr être freiné. Déjà, on en trouve des indices dans le texte du nouvel accord de coalition entre le Parti civique démocrate (ODS), de Klaus, et ses deux petits partenaires, l'Alliance civi- que démocrate (ODA) et l'Union chrétienne démocrate (KDU-CSL). Même si le nombre de ministères se trou- ve réduit de trois, l'accord de gouvernement met l'accent sur des domaines qui, jusqu'ici, étaient considérés comme relevant en priorité du libre jeu des lois du marché. Par exemple, la coalition s'engage à soutenir la construction de logements neufs. Lors de la campagne électorale, Vaclav Klaus a été critiqué pour son inaction face à ce qui est qualifié de « crise du logement », notamment à Prague, où le jeu du marché noir fait grimper les loyers et les baux à des tarifs inabordables pour les Tchèques. Un « ministère du Logement » qui, pour ne pas froisser la sensibilité libérale du Premier ministre, prendra le nom de « ministère du Développement des régions, des villes et des communes » va voir le jour. Le cabinet s'engage également à lancer de « larges investissements étatiques » en matière de modernisation des transports. Restent les domaines où le gouvernement persiste et signe et peut s'attendre à des difficultés au Parlement. Il souhaite ainsi achever les privatisations, notamment du secteur bancaire et de la grande industrie. L'opposition sociale-démocrate a déjà fait entendre qu'elle ferait front, surtout contre la privatisation des réseaux de distribution d'électricité et de gaz (EDF-GDF est l'un des principaux candidats au rachat). Le cabinet ne veut pas reculer non plus d'un pouce en matière de budget qui, les années passées, était en excédent et qu'il envisage de maintenir en équilibre. Mais l'opposition, qui serait favorable à un déficit « temporaire » pour relancer l'économie, préside désormais la Commission parlementaire des finances. A l'automne, lors du débat budgétaire, un combat politique décisif est à prévoir. A son issue, l'hypothèse d'élections anticipées ne peut être exclue. Martin Danes, à Prague
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