L'industrie allemande veut l'euro au 1er janvier 1999

L'industrie allemande a clairement voté, hier, pour l'euro. Même si la population est encore en majorité réticente à l'introduction de la monnaie unique, les patrons estiment que les avantages à en retirer dépassent largement les inconvénients ou les coûts. « L'Union monétaire, via la pression qu'exercent les critères de convergence, a déjà eu des effets bénéfiques sur la stabilité monétaire et la discipline budgétaire », se félicitait hier Hans Olaf Henkel, le président de la confédération allemande de l'industrie (BDI). « L'industrie allemande dépense chaque année 40 milliards de marks en frais de transaction de change », renchérit Helmut Werner, président de Mercedes, qui note que « les coûts que l'UEM va induire ne représentent au plus que 5 à 6 milliards de marks [...] ». La monnaie unique aura un effet stabilisant « L'euro au 1er janvier 1999 est un must, à condition évidemment que les critères de convergence soient respectés. Mais le traité de Maastricht donne suffisamment de marges d'appréciation pour trouver une solution prag- matique », affirme aussi le patron de Mercedes, craignant qu'un report ne provoque une nouvelle réévaluation du mark. Une opinion que partage le groupe de travail du BDI qui, sous la houlette de l'ancien président de Bosch, Marcus Bierich, trouve cinq avantages principaux à l'UEM pour l'industrie allemande. Il est clair que pour un pays qui réalise 25 % de son PIB grâce à l'export, dont 60 % dans l'Union européenne, qui annonce qu'un emploi sur deux dans l'industrie dépend de l'export, et qui a durement souffert de la réévaluation du mark l'an dernier, la monnaie unique aura un effet stabilisant et remettra de l'ordre dans les conditions de la concurrence européenne. Et de reprendre les arguments des syndicats. Un tiers seulement de l'augmentation des coûts unitaires depuis 1989 est dû à des choix internes, deux tiers sont liés aux chocs monétaires. « [L'euro] va entraîner inévitablement une homogénéisation des politiques fiscales sociales et économiques, et donc cela entraînera en Allemagne des corrections devenues urgentes », précise Marcus Bierich. Pour tirer profit au mieux de la monnaie unique, le BDI conseille aux entreprises de commencer dès cette année à s'y préparer (informatique, comptabilité, organisation, politique de prix, investissements...). Quatre-vingt-dix pour cent d'entre elles, pourtant, n'y ont pas encore réfléchi. D'où le lancement d'une campagne d'information, qui commence par la diffusion d'une brochure bilan tirée à 35.000 exemplaires et qui sera suivie à l'automne par l'édition régulière de bulletins d'informations sur les différents points à considérer. Une étude réalisée par le cabinet de conseil Roland Berger donne cette information précoce : « Une forte anticipation des transformations nécessaires pour s'adapter à la monnaie unique peut apporter des avantages significatifs en matière de concurrence. » Un point qu'ont déjà bien compris les banques allemandes. Outre une vaste opération d'information, certaines d'entre elles, comme la Deutsche Bank, proposent déjà des formulaires de virements en euros ! BÉNÉDICTE DE PERETTI, À BONN
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