« Rejoindre l'UE en 2014 serait un symbole fort »

Quel est l'impact de la crise sur le pays ?Nous espérons limiter le recul à 2 % du PIB cette année, même si certains craignent une récession plus marquée. Face à la crise, nous cherchons à avoir en permanence un coup d'avance. En mai, nous avons conclu avec le FMI un nouvel accord stand-by de 3 milliards d'euros pour les deux années à venir. En contrepartie, la Serbie a réduit ses dépenses publiques de 3 points de PIB. Nous avons été récompensés par une aide budgétaire exceptionnelle de 100 millions d'euros de l'Union européenne et par la décision des banques internationales réunies à Vienne de ne pas réduire leurs enveloppes de crédit, ni cette année, ni l'an prochain. En raison d'un creusement supplémentaire des recettes, nous allons encore négocier avec le FMI ce mois-ci mais le déficit ne devrait en aucun cas dépasser 4,5 % du PIB.Quelle est votre stratégie pour renouer avec la croissance ?La première priorité, ce sont les infrastructures, pour faire de la zone de 60 kilomètres autour de Belgrade le lieu de rencontre intermodale de l'Europe du Sud-Est, par la route, le rail, l'air et le fluvial. Nous voulons aussi être une plate-forme de commerce : l'UE représente 55 % de nos échanges et la zone de libre-échange des Balkans (Cefta) croît très vite. Les synergies de l'ex-Yougoslavie réapparaissent. Enfin, nous sommes le seul pays hors CEI à avoir bâti une zone de libre-échange avec la Russie. Nous venons aussi de signer un accord avec la Biélorussie et la Turquie et les négociations en ce sens ont aussi commencé avec l'Iran. Enfin, à l'instar de la Hongrie et de la Slovaquie, la Serbie offre de fortes incitations aux investisseurs étrangers.La place de la France en Serbie peut-elle progresser ?La visite du président Tadic en France le 27 mai a réchauffé les relations et le président Sarkozy se rendra en Serbie fin 2009 ou début 2010 pour conclure un partenariat stratégique. La France soutient la volonté de la Serbie d'intégrer l'UE et cette impulsion politique est clé au moment où la Serbie veut se développer dans des secteurs où les Français excellent, comme l'énergie, les infrastructures, les services aux collectivités locales. Nous ferons notre partie du travail de réformes. Il nous reste à faire en sorte que la France et l'Europe y voient aussi leur intérêt.Quels sont les obstacles sur votre route vers l'Union européenne ?Il reste deux sujets politiques : l'arrestation du général Mladic, réclamée par les Pays-Bas. Plus personne ne doute de notre détermination sur ce sujet, même si nous rencontrons des difficultés opérationnelles. Il y a aussi la question du Kosovo : 22 pays européens sur 27 ont reconnu l'indépendance du Kosovo, ce qui montre l'absence d'unité de l'Europe sur le sujet. Notre candidature officielle devrait intervenir avant la fin 2009. Ce serait un symbole fort de voir la Serbie et une bonne partie des Balkans rejoindre l'UE en 2014, cent ans après le début du premier conflit mondial, à Sarajevo? Ce serait la vraie fin du XXe siècle en Europe.Propos recueillis par Ph. M.
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