Cherche un million d'hectares à cultiver sur la planète

Les terres arables constituent-elles une ressource naturelle comme les autres?? Le groupe sud-coréen Daewoo Logistics négocie depuis novembre avec le gouvernement malgache un bail emphytéotique de 99 ans portant sur 1,3 million d'hectares de terres, l'équivalent de la moitié de la Belgique, pour y produire du maïs et de l'huile de palme. L'entreprise bénéficie du soutien actif de Séoul qui dépend pour une large part des importations de céréales. La flambée vertigineuse des prix agricoles début 2008 a constitué un électrochoc pour les autorités coréennes qui ont mis en place un plan national pour faciliter l'acquisition de terres à l'étranger. La Corée du Sud ne constitue pas une exception?: un nombre croissant d'États, d'entreprises ou de fonds d'investissement prend le contrôle de dizaines, voire de centaines de milliers d'hectares dans des pays en développement en vue de leur exploitation agricole. L'Égypte a par exemple signé avec le Soudan un contrat pour produire sur le territoire soudanais 2 millions de tonnes de blé par an destinées à l'exportation vers Le Caire. Les Philippines ont passé un accord fin 2007 avec la compagnie chinoise Fuhua pour exploiter plus d'un million de terres agricoles, soit un dixième de la surface cultivable de l'archipel. La banque américaine Morgan Stanley a acquis 40.000 hectares de terres arables en Ukraine. Ce processus de prise de contrôle de vastes territoires agricoles épouse deux logiques distinctes, selon Grain, une ONG basée en Espagne. « Des gouvernements préoccupés par l'insécurité alimentaire s'emparent de vastes territoires agricoles à l'étranger pour assurer leur propre production alimentaire off- shore », explique l'ONG qui juge « fou » que des gouvernements étrangers achètent des terres agricoles au Soudan pour exporter des denrées alimentaires dans leur pays alors qu'au même moment le Programme alimentaire mondial (PAM) s'efforce de venir en aide à plus de 5 millions de réfugiés au Darfour.nouvel actif financier De l'autre, « des investisseurs privés voient dans les investissements dans des terres agricoles à l'étranger une source de revenus importante et nouvelle ». La conjonction des crises alimentaires et financières a transformé les terres en un nouvel actif financier, d'autant que dans de nombreux pays les prix alimentaires sont élevés alors que les prix des terres restent faibles. L'achat de terres arables dans le monde « est un phénomène de grande ampleur » qui connaît « une accélération subite », souligne Paul Mathieu, spécialiste des régimes fonciers à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Ce phénomène présente, selon lui, des opportunités. « Plus de capitaux et d'investissements dans l'agriculture, bien gérés, peuvent contribuer à un réel développement rural. » Le continent africain dispose de terres arables considérables mais son agriculture souffre de sa faible mécanisation et d'un recours marginal aux engrais. Mais il y a également des risques, estime Grain, notamment « de voir non seulement les denrées alimentaires mais aussi les profits générés par ces activités agricoles à l'étranger détournés vers d'autres pays, d'autres consommateurs qui peuvent payer ».
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