Des besoins de financement revus à la hausse en Europe

Les États de la zone euro ont de toute évidence péché par excès d'optimisme. Un peu partout, l'impact de la récession et des plans de sauvetage du système financier sur les déficits budgétaires a été sous-estimé. Résultat : les besoins de financement des États sont maintenant revus à la hausse. La France, l'Allemagne et la Finlande ont déjà amendé leurs programmes d'émission de dette pour 2009. Le 4 mars, l'Agence France Trésor a porté son programme à moyen et long terme de 145 à 155 milliards d'euros. Le 25 mars, la Finanzagentur allemande a fait part de son intention de lever non plus 323 mais 346 milliards d'euros de dette en 2009 (dont 157 milliards à moyen et long terme).Les autres devraient suivre. « Certains pays comme l'Irlande ou la France avaient sous-estimé l'ampleur de la récession, d'autres, comme l'Espagne ou la Grèce, n'avaient pas eu besoin d'injecter de capital dans leur système financier en 2008, mais ils ont finalement été obligés de passer à l'action en 2009. Quant à l'Italie et aux Pays-Bas, ces pays « ont cumulé les deux erreurs d'appréciation », explique Laurence Boone, chef économiste France chez Barclays Capital.début d'année significatifLa tendance des États à se précipiter pour placer leur dette sur le marché dès le début de l'année a également mis la puce à l'oreille des stratèges de marché. D'ordinaire, les Trésors européens réalisent un peu moins d'un tiers de leurs émissions annuelles entre janvier et mars. Mais cette année, une configuration un peu particulière se dessine. « Au premier trimestre, la Grèce a réalisé 70 % de son programme d'émission, la Belgique 45 %, et l'Espagne 40 %, ce qui laisse penser que le montant total de dette effectivement levé sur les marchés par ces pays sera bien supérieur à ce qui avait été prévu fin 2008 », estime Jean-François Robin, stratège de marché chez Natixis. « Tous les gouvernements risquent de revoir à la hausse leurs objectifs », renchérissent les stratégistes taux de la Société Généralecute; Générale.Le marché devrait pourtant réussir à absorber cette offre supplémentaire sans trop de difficulté. Du moins tant que l'aversion pour le risque restera un thème dominant et que les États dits « périphériques » continueront à offrir des rendements attrayants et à soigner leurs opérations. Ainsi, la Grèce qui, auparavant, recourait aux bons services des banques (un groupe d'établissement est alors chargé de rassembler les ordres afin d'optimiser l'opération) uniquement pour lancer ses nouveaux emprunts, opte désormais systématiquement pour la sécurité, même quand il s'agit simplement d'abonder un emprunt existant. Quant aux ratés des adjudications de dette allemande, il s'agit davantage d'un problème technique que d'un problème de fond. La dette allemande reste la plus liquide de la zone et, à ce titre, la préférée des investisseurs. Reste à savoir comment évoluera le marché de la dette souveraine en 2010 avec des investisseurs plus enclins à reprendre des risques. « En zone euro, les déficits seront encore orientés à la hausse et le volume d'émissions pourrait augmenter de près de 9 points de PIB, de quelque 900 milliards d'euros cette année à environ 1.000 milliards d'euros », prévient Laurence Boone chez Barclays. ncette année, les états européens s'apprêteraient à lever 900 milliards d'euros de dette.
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