« En état de vigilance permanente »

les rencontres de ruth elkrief (bfm tv)Tous les jours, ces quatre derniers mois, Roselyne Bachelot est allée à l'hôpital. Pendant la journée, ministre de la Santé, elle guerroyait à l'Assemblée nationale pour le réformer ; le soir, elle en arpentait les couloirs comme mère pour aller voir son fils souffrant. Aujourd'hui, il va bien, et elle a fait adopter son projet. « On n'est pas impunément ministre de la Santé, tout est chargé d'émotion, on est en charge de la vie, de la mort, de la destinée humaine. Il n'y a plus de rideau entre le ministre et le malade. » Roselyne Bachelot, en sobre tailleur noir, élégante écharpe autour du cou, a conscience d'occuper une place à part. « Ici, on doit être en état de vigilance permanente. » La rieuse Roselyne a laissé place à une femme sobre, qui pèse ses mots, économe de ses états d'âme. Depuis Michèle Barzach et Simone Veil, il y a une vingtaine d'années, elle est la première femme à ce poste : « Il y a une attente, une demande d'empathie » qu'elle « accepte ». Mais elle est aussi devenue une politique plus aguerrie. « Lorsque je suis arrivée comme ministre de l'Écologie sous Raffarin, j'ai essuyé les plâtres, j'ai mis un mois avant de le rencontrer et deux mois avant de parler de mes dossiers avec le président Chirac. Cette fois, je suis venue avec mon équipe et je connais les rouages de l'État. » Du coup, elle prépare le « match retour » au Sénat de la loi sur l'hôpital avec philosophie. « Les alliances contre nature entre professeurs de médecine qui multiplient les activités privées et ceux qui y sont hostiles, les protestations de quelques-uns sur les 40.000 professionnels ne m'émeuvent pas. » « Il y a des gens formidables à l'hôpital alors que le monde est dominé par la recherche du confort et de l'hédonisme et je ne veux pas laisser gaspiller ce capital humain dans une mauvaise organisation. » C'est d'ailleurs clair : Roselyne Bachelot l'a dit au Premier ministre et au président, au prochain remaniement, elle ne veut pas quitter son poste et céder comme d'autres « à la fatigue des deux ans »? « Je veux mettre en place toutes les mesures adoptées. » Et dans la foulée, elle a rangé ses tenues canari ou vert pistache : « C'est vrai que j'y tenais dans le passé, je ne voulais pas me laisser ?tchadoriser?, mais j'ai compris que c'était un combat secondaire. » Et la vraie Roselyne n'a pas disparu. Elle a été parmi les premières à dénoncer les paroles « meurtrières » du pape Benoît XVI sur le préservatif, en tant que ministre de la Santé et en tant que « féministe », précise-t-elle. n« On n'est pas impunément ministre de la Santé, tout est chargé d'émotion, on est en charge de la vie, de la mort, de la destinée humaine. »
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