Pourquoi la Bourse y croit

Un vent d'espoir souffle depuis deux mois dans les salles de marché. Celui de voir les indices boursiers s'extirper de la vague baissière nourrie, depuis octobre 2007, par la violence de la crise économico-financière. De New York à Paris en passant par Londres, le compartiment des actions s'est envolé, en moyenne, de 30 % par rapport à ses plus-bas du 9 mars. Permettant au S&P 500, au CAC 40 et au DJ Stoxx 600 d'effacer leurs pertes depuis le 31 décembre 2008. Comment expliquer un tel retournement de tendance ? L'horizon se serait-il à ce point éclairci que l'on pourrait augurer d'un brusque mouvement de reprise conjoncturelle d'ici à la fin de l'année ? Ou traverse-t-on une période de répit alors que le pire envisagé par les investisseurs il y a deux mois ne s'est finalement jamais produit ? On serait plutôt tenté de répondre par l'affirmative à la dernière question. Selon certains spécialistes, les cours du CAC 40 du 9 mars commençaient à anticiper un scénario plus noir qu'en 1929 fondé sur des chutes de profits pouvant aller jusqu'à 80 % entre 2009 et 2010. « Fin février, tout le monde a voulu anticiper le pire de façon imminente. Le marché craignait notamment que les besoins en liquidités du secteur bancaire ne provoquent un goulot d'étranglement », note Romain Boscher directeur des gestions actions chez Groupama Asset Management. Et d'ajouter : « Les investisseurs avaient donc jusque-là opté pour des allocations d'actifs et sectorielles défensives tout en préservant au maximum leurs liquidités. » catalyseurMais, depuis, un faisceau de nouvelles a permis, selon l'expert, d'alimenter un « rebond technique » au moment où les valorisations étaient à la casse. Dans le secteur financier, dont le rebond a atteint plus de 85 % au sein du DJ Stoxx 600, plusieurs éléments ont contribué à calmer les esprits. À commencer par les déclarations, début mars, de Vikram Pandit, le directeur général de Citigroup, selon lesquelles la banque avait renoué avec les profits en janvier et février. À cela s'est ajouté le dévoilement du plan Geithner, destiné à apurer les stocks de créances toxiques. Autre catalyseur : l'intention des principaux dirigeants de la planète d'injecter 5.000 milliards d'euros dans l'économie mondiale pour lutter contre la crise. Plus récemment, les dernières statistiques faisant état d'une amélioration des promesses de ventes de logements aux États-Unis et de la production industrielle chinoise confirment le retour à un léger mieux. « Le marché se montre sensible à une moindre dégradation économique que prévu », note Romain Boscher. Est-ce à dire pour autant que le courant acheteur est voué à se poursuivre ? Certes pas. Pierre Sabatier, président de PrimeView, a relevé sept cas de phases de rebond similaires, dont cinq au cours des années 30. En moyenne, les reprises s'élevaient à 36 % sur moins de 100 jours. À titre de comparaison, l'actuel regain des marchés dure depuis près de 40 jours ouvrés. « Il n'est pas exclu que le CAC 40 renoue à court terme avec les 3.400 points. Mais une reprise tangible des marchés actions doit avant tout être orchestrée par une perspective de rebond des profits dans les six mois qui suivent. Or nous ne voyons pas d'inflexion des résultats avant la mi-2010 », estime Romain Boscher.
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