Le scandale Satyam inquiète les milieux économiques indiens

C'est le scandale Enron transposé en Inde. Vingt-quatre heures après les premières révélations sur l'affaire Satyam, la survie du groupe, encore considéré tout récemment comme un fleuron de la high-tech indienne, paraît incertaine. Le pays est sous le choc après la confession effectuée par le patron fondateur de la SSII, Ramalinga Raju (« La Tribune » d'hier). Ce dernier a annoncé mercredi avoir truqué les comptes depuis des années. Le bilan serait ainsi enjolivé de plus de 1 milliard d'euros. S'exprimant hier soir dans le cadre d'une conférence de presse, le directeur général par intérim Ram Mynampeti a affirmé « ne pas savoir ce qui s'était pass頻 et a estimé que la situation des liquidités du groupe « n'est pas encourageante ».Le principal responsable de l'affaire est demeuré introuvable toute la journée. Des médias frénétiques l'ont donné en fuite au Texas ou bien encore à Dubaï, mais son avocat a affirmé qu'il était chez lui? Ramalinga Raju encourt jusqu'à dix ans de prison et de considérables amendes. Différentes enquêtes ont été lancées hier. La Sebi, autorité des marchés boursiers indiens, a envoyé une équipe spéciale à Hyderabad, le siège de la compagnie, dans le sud du pays. Les pouvoirs publics ont également ouvert des enquêtes sur l'affaire, tandis que des class actions étaient lancées à New York, où les titres Satyam sont cotés.impact dévastateurLes enquêteurs vont devoir notamment éclaircir la nature exacte de la fraude. Comment des manipulations d'une telle ampleur ont-elles été possibles ? Comment le groupe a-t-il pu faire figurer à son bilan 766 millions d'euros de liquidités inexistantes ? Comment les auditeurs ? PricewaterhouseCoopers en l'occurrence ? n'ont-ils rien vu ? Qui, chez Satyam, était au courant des manipulations ? L'ironie est que Satyam ? nom qui signifie « vérit頻 en sanscrit? ? était considéré comme un modèle de gouvernance, avec des administrateurs indépendants prestigieux et des prix décernés pour cette raison. Ce qui rend l'impact de l'affaire encore plus dévastateur.Car ce que le patronat et les pouvoirs publics redoutent, c'est que le scandale ne nuise à l'ensemble des entreprises indiennes auprès des investisseurs et des clients internationaux, cruciaux pour leur développement. L'organisation patronale CII réclame donc des mesures urgentes pour combler « les failles dans la régulation, la comptabilité, l'audit et la gouvernance ». Le ministre des Entreprises affirme que le gouvernement fera « tout ce qu'il faut pour que de tels scandales ne se reproduisent jamais ».Patrick de Jacquelot,à New Delhi 766 millions d'euros de liquidités inexistantes figurent au bilan de l'entreprise
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