Silvio Berlusconi, le mauvais élève du G8

« Je suis désolé que nous n'ayons pas tenu nos promesses. » Dans la bouche de Silvio Berlusconi, cette déclaration est inédite. Gouvernant dans une atmo-sphère de campagne électorale continuelle, le président du Conseil italien prend toujours le soin de souligner qu'il tient ses engagements, comme « débarrasser » Naples de ses déchets ou trouver des propriétaires « italiens » pour la compagnie aérienne nationale, Alitalia. Cette fois-ci, interpellé par le chanteur Bob Geldof, activiste pour l'aide à l'Afrique via son organisation ONE, Silvio Berlusconi a admis « avoir commis une erreur », c'est-à-dire de ne pas avoir augmenté, comme il l'avait promis en 2005, l'aide publique au développement. Le constat de Geldof est sans appel : « Vous vous étiez engagé à investir en aide 0,51 % du revenu national brut [RNB] d'ici à 2010 et 0,7 % d'ici à 2015 : l'Italie, à ce jour, n'est arrivée qu'à 3 % de cette promesse », soit 0,18 % du RNB en 2008. Pire pour « la crédibilit頻 du Bel Paese à accueillir le club sélect des sept principaux pays industrialisés (G7), l'Italie est le cancre de la classe. « La chancelière allemande Merkel, le Premier ministre britannique Brown et même le président français Sarkozy ont augmenté leur aide, mais l'Italie a réduit la sienne de 400 millions d'euros [en 2009, Ndlr], toutes ces économies connaissent un désastre mais tous tiennent leurs promesses aux pays pauvres, sauf l'Italie, comment pouvez-vous présider le G8 ? » a asséné Bob Geldof, lors d'un tête-à-tête avec Berlusconi, que rapporte le quotidien « La Stampa ».politique rétrogradeAutant dire que demain, quand le G8 accueillera les représentants des pays africains et des organisations internationales (auxquelles Rome a réduit de 41 % sa contribution cette année), Silvio Berlusconi ne pourra guère se poser en exemple à ses partenaires. Pas plus qu'aujourd'hui quand le G8 abordera la question du réchauffement climatique. « Sur le climat, la politique italienne est assez rétrograde par rapport aux autres pays européens », explique le Kyoto Club, une ONG italienne luttant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Certes, depuis quatre ans, le volume des émissions baisse dans la péninsule, mais il reste supérieur de 6 % à celui de 1990, contre un objectif d'une baisse de 17 % à l'horizon 2020. L'Italie s'est battue bec et ongles en décembre dernier pour octroyer à son industrie quelques droits supplémentaires de pollution et, surtout, elle a obtenu une révision des engagements de réduction européens en juin 2010, selon ce que ses concurrents, les États-Unis, l'Inde et la Chine notamment, auront décidé d'ici là. « Rome n'est pas au premier rang dans le dossier du climat », résume Leonardo Berlen, porte-parole du Kyoto Club. Non seulement, le gouvernement Berlusconi n'a pas lancé de plan d'investissements publics pour le développement d'une économie verte, mais lors du dernier débat budgétaire, les subventions fiscales pour les économies d'énergie ont failli disparaître.Frank Paul Weber, envoyé spécial , à L'Aquila
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