Solutions radicales pour crise extrême

Et si on fermait temporairement les marchés ?Wall Street a fermé pendant deux jours après le 11 septembre 2001. Plus récemment, les cotations ont été suspendues à la Bourse de Moscou, en chute libre. C'est un recours extrême, déjà employé dans des situations de stress intense. Comme pour les accidents nucléaires, il s'agit d'éviter les réactions en chaîne. À Toulon, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs mis en cause la cotation en continu dans la propagation de la crise. Mais la fermeture des Bourses ne résoudrait rien au fond, car les actionnaires doivent pouvoir sortir quand bon leur semble. " Un marché doit normalement être toujours ouvert et en état de fonctionnement, explique François Delavenne, président d'Acofi. Mais il y a des cas exceptionnels où l'asymétrie d'information sur le marché est tellement flagrante qu'un arrêt des transactions peut s'avérer nécessaire jusqu'à ce que le calme revienne. " Le temps de mettre en oeuvre un plan de sauvetage crédible du système.Et si l'État solvabilisait tous les ménages emprunteurs ?C'est en substance ce qu'a proposé hier le candidat républicain John Mc Cain, prêt à mettre 300 milliards de dollars pour racheter les prêts des ménages pauvres menacés d'expulsion de leur logement. Ce pourrait être une solution pour traiter la question des crédits subprimes, qui ont été tellement disséminés dans des produits structurés que plus personne ne sait comment reconstituer les créances initiales. Ce faisant, l'État stopperait la chute des prix immobiliers et relancerait la consommation, donc l'économie. Mais le prix serait prohibitif, car il serait obligé de sauver tout le monde, sans exception.Et si on nationalisait toutes les banques ?À l'évidence, depuis la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, qui a ruiné la confiance entre les établissements financiers dans le monde entier, l'idée fait son chemin. Depuis le week-end dernier, chaque État met en place dans son coin son propre plan national de sauvetage, professant l'action au cas par cas. Une nationalisation générale des banques en détresse pourrait s'avérer " le seul moyen pour réanimer le marché interbancaire, car ainsi l'État se prêterait à lui-même ", estime Véronique Riches-Flores, chef économiste à la Société Générale. Ce serait cher, mais dans le même ordre de grandeur que les plans déjà mis sur la place publique. La capitalisation boursière des dix premières banques en Europe ne dépasse pas 560 milliards d'euros. " Pour des raisons de concurrence, il faudrait nationaliser, de concert, toutes les banques en Europe ", suggère même Joseph Leddet, chez Contacts. Et ce, pendant trois à quatre ans, le temps que le système financier redémarre sur des bases plus saines. À quel prix, sachant que le sauvetage des actionnaires est politiquement indéfendable ? Au minimum, au prix du marché actuel. Ou même " à l'euro symbolique ", propose Joseph Leddet. " Les États n'ont pas d'argent. Et de toute façon la crise est telle que la valeur des banques pourrait tomber à zéro. " Les contribuables n'y perdraient pas forcément, car pour financer un tel plan, les émissions de bons du Trésor seraient gagées sur les actions des banques. La dette serait donc remboursée à terme par la privatisation des établissements, une fois leur bilan assaini. C'est ce qui s'est passé en Suède dans les années 1990 quand ses grandes banques ont été nationalisées.Et si on garantissait toutes les dettes des banques ?Il y a deux manières de procéder, souligne Patrick Artus, économiste en chef chez Natixis. Reprendre les dettes ou seulement les garantir. " Reprendre les dettes pourries des établissements en difficulté serait beaucoup trop coûteux pour les États ", estime-t-il. Il serait moins cher et plus efficace, selon lui, de garantir les passifs de toutes les banques, y compris ceux des établissements réputés prospères qui ont eux aussi des difficultés pour se refinancer.Et si on mettait les taux d'intérêt à zéro ?Un loyer de l'argent gratuit permettrait en théorie aux banques de refinancer leurs actifs moins cher, et de reconstituer leurs fonds propres. Mais l'expérience du Japon des années 1990 a montré que le remède pouvait se révéler pire que le mal. C'est ce que Keynes appelait la " trappe à liquidité ", c'est-à-dire ce moment où la politique monétaire devient sans effet. Au contraire, elle peut même amplifier la déflation, en " euthanasiant les rentiers ", le rendement de l'épargne étant, lui aussi, ramené vers zéro.
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