Les banques françaises dans le piège Lehman

Les dommages collatéraux de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre prennent de l'ampleur, jour après jour. Les banques cotées avaient, à la faveur de la publication de leurs résultats pour le troisième trimestre, révélé leur exposition, et donc leurs pertes. C'est désormais au tour des établissements non cotés. La Banque Postale a annoncé une perte de 60 millions d'euros du fait de la chute la plus emblématique de la crise du subprime. Et le Crédit Mutuel est maintenant mis sur la sellette. Selon le journal « Les Échos », la banque mutualiste aurait essuyé pour 498 millions d'euros de pertes. Interrogée, elle n'a pas souhaité faire de commentaires. Son site Internet fait référence, au 30 septembre, à 218 millions d'euros d'obligations Lehman auxquelles s'ajoutent des appels de marge pour un montant de 280 millions d'euros. Le réseau mutualiste arrive donc en seconde position parmi les banques françaises touchées par l'effondrement de la banque de Wall Street, derrière BNP Paribas (577 millions d'euros) et devant Dexia (482 millions) et la Société Générale (435 millions).À ce jour, la facture de Lehman sur les banques françaises avoisinerait donc 2,6 milliards d'euros. Mais ces chiffres s'entendent à fin septembre. La facture pourrait s'alourdir avec le temps.Cette facture vient alourdir celle du subprime pour les banques françaises, qui s'élevait, au 30 septembre, à environ 31 milliards d'euros. Lehman représenterait donc à elle seule 8 % du total. Le 15 septembre, alors que la planète financière prenait acte de la mise à terre de Lehman et espérait un sursaut salutaire après cette purge, Bercy estimait que « les répercussions devraient être limitées pour les banques françaises ».débouclage sur dix ansMais le pire n'étant jamais sûr, il reste à savoir si la note s'arrêtera vraiment là pour les établissements, français ou autres. En effet, toutes les positions, loin s'en faut, n'avaient pas été débouclées au 30 septembre, date de clôture des comptes. Alors que le bilan de Lehman pesait 1.000 milliards (500 milliards à l'actif et autant au passif) au moment de sa faillite, le débouclage de l'ensemble prendra sans doute, de l'aveu même de l'administrateur de Lehman, PricewaterhouseCoopers, une dizaine d'années. En effet, comment trouver une issue aux 13.000 emprunts d'actions (dans le cadre du prêt-emprunt de titres) qui étaient pendants et non honorés le 15 septembre ? Comment déboucler les 43.000 contrats de dérivés actions et « fixed income » qui étaient encore suspendus le 10 octobre dernier ? Comment encore rendre leur argent aux créanciers qui avaient prêté pour 104 milliards de dollars à Lehman ? Autant de réponses que l'on ne connaîtra qu'au fil du temps, avec leur lot de mauvaises surprises.
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