La mesure soulagerait les trésoreries, mais aurait un impact limité sur l'emploi

Le sentiment des économistes est quasiment unanime. Que le prochain taux de TVA dans la restauration soit abaissé à 5,5 % ou à un niveau intermédiaire de 10-12 %, cette mesure aurait un impact économique relativement limité. Notamment sur l'emploi. Dans une étude datée de 2006, Alain Trannoy, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), stigmatisait l'impact de cette politique « très coûteuse pour les finances publiques par rapport à son efficacité. « En effet, même si la baisse de la TVA était intégralement répercutée dans le prix au client, ce qui n'a pas été le cas dans le bâtiment, on pourrait attendre la création d'un maximum de 33.000 emplois ». Problème, ces emplois coûteraient très cher, « de l'ordre de 70.000 euros par poste cré頻, selon les calculs d'Alain Trannoy.Cette baisse de la TVA peut-elle permettre aux professionnels du secteur d'honorer la promesse faite par André Daguin, l'ancien président de l'UMIH, de baisser les prix des menus, d'investir dans les établissements et d'augmenter les salaires ?« Compte tenu des difficultés actuelles du secteur, qui est de ceux qui enregistrent le plus grand nombre de défaillances en raison de l'effondrement de la demande, cette mesure a du sens car elle permettra de restaurer un peu la trésorerie des entreprises. De cette façon, elles gagneraient un peu de temps en espérant survivre à la crise. Le rythme des dépôts de bilan pourrait sensiblement ralentir », estime Karine Berger, directrice d'études chez Euler Hermes Sfac. Une bouffée d'oxygène qui exclut de facto l'éventualité d'une baisse des prix, même minime, et d'une modernisation des établissements qui sera reportée à des jours meilleurs. « Quant à une éventuelle hausse des salaires, elle ne sera que très limitée. Les entreprises n'en ont tout simplement pas les moyens actuellement », ajoute Karine Berger qui accorde toutefois à cette mesure un avantage de taille sur le plan macroéconomique : celui d'écarter le spectre de la déflation. Une déflation qui se traduirait très probablement par un effondrement de la consommation qui reste l'unique moteur de la croissance française.Toutefois, si cette modification de la fiscalité peut avoir une justification à très court terme, elle possède plusieurs inconvénients, en plus de son coût pour les finances de l'État (lire ci-dessus). « Le principal problème d'une baisse de la TVA réside dans le fait que l'on peut difficilement revenir en arrière. La difficulté à évaluer l'impact réel d'une mesure de ce type sur l'emploi et les prix en est un autre », ajoute Karine Berger.« Clientélisme »« Cette question a le mérite de remettre en lumière le débat sur une éventuelle baisse de la TVA évoquée un temps », souligne Philippe Aghion, professeur d'économie à Harvard. « Par ailleurs, pourquoi limiter la baisse de la TVA à la seule hôtellerie-restauration ? Parce que ce secteur connaît des difficultés ? Parce que l'Élysée veut honorer une promesse datée de quelques années ? Ce ne sont absolument pas des arguments suffisants. Beaucoup de secteurs d'activités souffrent actuellement et ils ne bénéficient pas de traitement de faveur particulier. Une telle décision pourrait ressembler à du clientélisme », conclut-il. F. P.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.