Les compagnies aériennes américaines bravent la crise

C'est le monde à l'envers. Les compagnies américaines devraient être les seules à dégager des bénéfices en 2009, alors que la quasi-totalité des 34 milliards de dollars de pertes cumulées par le secteur aérien depuis 2001 leur est imputable ! Elles devraient enregistrer un léger profit de 300 millions de dollars (contre 3,9 milliards de pertes cette année), selon l'Association internationale du transport aérien (Iata). En regard, les compagnies européennes et asiatiques, championnes de la rentabilité jusqu'ici, plongeraient dans le rouge à hauteur de respectivement 1 milliard de dollars et 1,1 milliard. En 2009, la performance américaine permettrait ainsi de diviser par deux le niveau de pertes pour l'ensemble du secteur par rapport à 2008, à 2,5 milliards alors que les recettes devraient chuter de 35 milliards (? 6,5 %) à 501 milliards. « La situation aux États-Unis est extraordinaire », reconnaît le président de Iata, Giovanni Bisignani qui, voilà trois mois, prédisait 4 milliards de dollars de pertes en 2009.Pourquoi un tel revirement alors que les États-Unis sont les plus mal en point sur le plan économique et que la santé du transport aérien est liée à celle du PIB ? « Les transporteurs américains ont réduit, fortement et très tôt, leur capacité. Et ils bénéficient à plein de la baisse du prix du brent », répond Brian Pearce, chef économiste chez Iata. Faute de pouvoir financer les couvertures carburant (achats à terme à un prix espéré moins cher que le marché), les compagnies américaines ont été plus sévèrement touchées par la flambée du prix du baril que leurs concurrents européens et asiatiques au cours des neuf mois de l'année 2008. Elles ont donc été contraintes de prendre des mesures drastiques. Quitte à clouer au sol des centaines d'avions et à supprimer de nouveau des emplois. Or, aujourd'hui, alors que le trafic aérien mondial devrait chuter de 3 % en 2009, cette baisse de capacité de 5,7 % environ (et de 10 % sur le réseau domestique) s'avère fort salvatrice. Elle permet d'augmenter les coefficients d'occupation des avions, déjà élevés à près de 78 %, et d'éviter ainsi une surcapacité, synonyme de baisses des prix? En outre, l'absence de couvertures carburant devient un avantage quand le baril flirte avec les 40 dollars. Pour l'an prochain, Iata table sur un prix moyen de 60 dollars, en repli de 40 % par rapport à 2008.la couverture carburant Autant d'atouts dont la majorité des compagnies européennes et asiatiques ne vont pas profiter aujourd'hui et en 2009. Les premières vont réduire de 2,5 % leur capacité, les secondes de 0,5 % seulement, prévoit l'Iata. Et celle des compagnies du Golfe continuera d'augmenter à un rythme de 4,9 % en 2009. Dans le même temps, beaucoup d'entre elles ne vont pas profiter à plein de la baisse du cours du brut, en raison de leur couverture carburant qui les protégeait à la hausse, mais pas à la baisse. Reste que cette situation est néanmoins plus confortable sur le long terme, les spécialistes tablant sur un prix d'équilibre du baril aux alentours d'une centaine de dollars. Aussi, pour transformer l'essai, les compagnies américaines sont toujours dans l'obligation structurelle de renouveler leur flotte et de se regrouper, à l'instar de Delta et Northwest fusionnées pour donner naissance au numéro 1 mondial de l'aérien. L'accalmie dont les compagnies d'outre-Atlantique devraient bénéficier n'est pas de nature à accélérer le mouvement. Les regroupements sont en effet toujours plus aisés quand les acteurs traversent des turbulences. De plus, au prix actuel du baril, les vieux avions des compagnies américaines, même très gourmands en kérosène, redeviennent rentables, parce que largement amortis. n
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