La crise économique en a encore pour longtemps

ospectiveLa crise économique risque d'être longue avant une reprise durable de la croissance. C'est ce que nous enseigne l'observation des cycles économiques. Car le développement économique est une succession de périodes d'expansion et de contraction. Ces fluctuations ne sont pas régulières, mais leur caractère cyclique n'est pas contesté. L'évolution historique des prix et de la production (PIB) met en évidence un cycle majeur (cycle de Kondratieff de 40 à 60 ans) et des cycles mineurs plus difficiles à discerner (cycles de Kitchin de 7 à 11 ans et de Juglar de 3 à 4 ans). Ils confirment l'instabilité du capitalisme.L'économiste autrichien Joseph Schumpeter a montré que le développement économique se traduit par la superposition de ces trois cycles. Il suggère que l'innovation ? la combinaison de nouveaux facteurs de production ? est le point de départ d'un nouveau cycle, comparable à celui de Kondratieff et découpé en quatre phases?: la prospérité, avec l'apparition d'innovations et la hausse de la demande?; la récession, avec le déclin des entreprises mises en péril par ces innovations et le début de la crise?; la dépression, avec des faillites en série et une baisse de la consommation?; enfin la reprise, avec le retour des investissements et la hausse des prix. Depuis les débuts du capitalisme, Schumpeter a identifié trois cycles majeurs?: la révolution industrielle (1787-1842), le cycle bourgeois (1843-1897) et le néomercantilisme (à partir de 1898). Mais il a interrompu son analyse en 1940.Cycle débuté en 1992En prolongeant son analyse, le cycle suivant démarre en 1951 avec l'avènement de l'électronique, avec une phase de prospérité jusqu'en 1963, puis de récession peu marquée (1964-1974) et de déprime (1975-1982) avant une reprise (1983-1991) clôturant le cycle. Avec la pénétration des technologies de l'information et de la communication (TIC), nous sommes entrés dans un nouveau cycle comprenant une phase de prospérité de 1992 à 2000, culminant avec la bulle Internet. Son explosion a marqué l'entrée dans la phase de récession jusqu'en 2008. Depuis, nous traversons la phase de dépression dont la durée ne devrait pas dépasser une petite dizaine d'années (voir tableau).Schumpeter décrit la dépression comme une période de « destruction créatrice », à croissance négative ou faible, où les faillites résultant de l'obsolescence des sociétés les plus anciennes donnent naissance à des innovations porteuses de progrès social. Dans ces périodes, la consommation et l'investissement chutent, le chômage augmente jusqu'à ce que le système économique revienne à l'équilibre.Du plus profond de la phase de contraction, où nous sommes, nous pouvons donc être optimistes. L'histoire économique nous invite à être patients, mais aussi attentifs aux opportunités offertes par les innovations naissantes, qui s'épanouiront lors de la reprise à venir. n*Professeur de finance à l'École de management de Bordeaux, docteur en sciences de gestion.
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