En France, l'électronique perd ses emplois

Sony, Freescale, Nortel? Depuis quelques semaines, les plans sociaux se multiplient dans l'industrie électronique en France. Et l'idée selon laquelle les emplois hautement qualifiés seraient à l'abri dans l'Hexagone est battue en brèche. Confrontés à la chute de leurs ventes, les grands groupes mondiaux du secteur ont lancé de vastes plans de réductions de leurs effectifs auxquels la France n'échappe pas. L'an dernier, selon les chiffres du ministère de l'Emploi, les groupes d'équipements et de composants électriques ou électroniques ont supprimé 7.100 postes en France, ramenant les effectifs de la filière à 382.000 salariés. Mais 2009 pourrait être pire alors que les fabricants de téléphones mobiles, véritables moteurs de croissance pour tout le secteur, s'attendent tous à une baisse de 10 % de leurs ventes cette année. Le marché mondial des PC devrait pour sa part connaître en 2009 la pire année de son histoire avec une chute attendue de 11 % selon Gartner. Les problèmes de l'industrie automobile, grande consommatrice d'électronique, aggravent la tendance.Dans l'Hexagone, les salariés de l'industrie des composants payent un tribut particulièrement lourd à la crise. L'américain Freescale (semi-conducteurs) va supprimer 1.200 des 1.700 emplois qu'il comptait en France. 1.400 employés d'Altis, filiale d'IBM et d'Infineon, redoutent de faire les frais du désengagement programmé de leurs deux actionnaires à la fin de l'année 2009. Chez Atmel, 1.100 emplois seraient menacés dans les Bouches-du-Rhône. Les 4.500 suppressions de postes annoncées par le premier employeur du secteur des semi-conducteurs, le franco-italien STMicroelectronics, ont en revanche épargné les effectifs français.Néanmoins, pour la première fois, STMicro a réduit ses effectifs en 2008 d'environ 200 personnes en France (avec 11.095 salariés en fin d'année), selon des données fournies par les organisations syndicales. Mais la coentreprise du groupe spécialisée dans la mobilité, ST-Ericsson, qui emploie près de 2.000 personnes en France, n'a pas encore précisé où seraient supprimés les 1.200 postes du plan tout juste annoncé. Il n'est pas besoin de rappeler les réductions d'effectifs chez Alcatel. Le nombre de salariés du groupe en France a fondu de 38.000 à 11.000 en huit ans, à l'occasion de cessions d'actifs pour une bonne part.déplacement du marchéLa crise n'explique pas à elle seule la contraction de l'emploi dans l'industrie en France. Le phénomène remonte à 2001, avec l'éclatement de la bulle Internet. Selon les statistiques du ministère de l'Emploi, les groupes d'équipements et de composants électriques ou électroniques ont supprimé 76.000 emplois depuis 2001 (17 % de l'effectif), alors que les autres secteurs concurrentiels créaient des emplois dans le même temps. Les seules industries de composants électroniques employaient, fin 2006, 54.800 personnes, soit un tiers de moins qu'en 2001, selon les chiffres du ministère de l'Industrie. « Le déplacement du marché (offre et demande) vers les pays asiatiques à forte croissance et le rétrécissement de la demande sur le marché domestique français pénalisent les industriels de l'Hexagone », diagnostique le ministère.Cette tendance ne devrait pas s'inverser. Le ministère de l'Industrie tire la sonnette d'alarme. « Ce sont surtout les activités de conception et de design qui tirent le secteur. La microélectronique et le développement des nanotechnologies, qui ont un effet de levier important sur l'ensemble de l'industrie électronique, constituent un enjeu majeur pour l'avenir du secteur. » nles groupes d'équipements et de composants ont supprimé 76.000 emplois depuis 2001.
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