Une panthère nommée Malamine KonéSi l'argent n'a pas d'odeur...

Une panthère nommée Malamine KonéSi l'argent n'a pas d'odeur, la réussite n'a pas de couleur », aime à répéter Malamine Koné. De prime abord, le fondateur de la marque de sport Airness peut sembler un peu bling bling. D'où cette précision : « Je ne suis pas venu avec mon chauffeur, c'est un ami d'enfance ! » À 7 ans, Malamine Koné gardait les moutons au Mali. Aujourd'hui, sa marque réalise 80 millions d'euros de chiffre d'affaires. Son moteur ? « L'envie. Quand on veut réussir, il faut d'abord avoir envie. Moi j'ai eu envie de m'en sortir même si c'était difficile. » Et c'est bien l'envie qui l'a conduit de son village natal, Niéna, où son arrière-grand-mère l'a élevé à la cité des Francs-Moisins de Saint-Denis, dans la banlieue rouge de Paris. Malamine a 10 ans, ne parle pas français et n'est jamais allé à l'école. Il a soif d'apprendre pour communiquer avec ses neuf frères et s?urs élevés par une mère au foyer et un père mécanicien, qu'il ne connaît pas. Après une scolarité « normale », Malamine obtient un Deug de droit. L'enfant des cités rêve de devenir commissaire de police. Pour canaliser une énergie débordante, son père le pousse en parallèle à sa scolarité, à pratiquer la boxe. Il sera présélectionné pour les JO d'Atlanta de 1996. Mais un an avant il est victime d'un grave accident de voiture : « J'ai subi 12 opérations au genou gauche. Les médecins me parlaient même d'amputation, ce que j'ai refusé. Après cet accident, tous mes rêves se sont envolés? » Il ne restera pas longtemps K.O.On est en 1998, la victoire de la France multicolore à la Coupe du monde de foot va être un détonateur : « La France venait de découvrir que sa force, c'était sa diversité. De là est né un mouvement, on a commencé à donner leur chance aux jeunes de banlieue. Je voulais faire partie de ce mouvement. » Il décide de lancer une marque de vêtements de sport. Ce sera Airness, le surnom du basketteur Michael Jordan, et en guise de logo la fameuse panthère qui ornait son propre peignoir de boxeur. Malamine Koné fait fabriquer 5 sweat-shirts qu'il a dessinés et entame la tournée des fabricants. Le gérant d'un magasin Sport 2000 d'Aulnay finit par accepter de lui donner sa chance. Puis des joueurs de foot acceptent de porter ses vêtements hors des stades, au grand dam des sponsors qui avaient oublié ce détail dans leurs contrats. La panthère commence alors sa course folle. Après Steve Marlet, jeune pousse montante d'Auxerre, d'autres ambassadeurs prennent le relais : Djibril Cissé, Didier Drogba, mais aussi Luis Fernandez, Laurent Blanc, Guy Roux? Aujourd'hui avec une dizaine d'équipes de football françaises et étrangères, un joueur de tennis, Nicolas Davydenko, l'équipe de rugby de Bourgoin-Jallieu et une équipe de basket, la panthère est toutes griffes dehors. Il faut dire qu'Airness a su aussi se diversifier à coup de licences chapeautées par MK Promotion. L'Oréalcute;al, les lunettes avec Romain Afflelou, la papeterie ou les portables : en tout, une dizaine de licenciés confortent le chiffre d'affaires d'Airness. « La force de Malamine Koné, dit Romain Afflelou, c'est qu'en plus de bien connaître le marché du sportswear, c'est quelqu'un qui a du nez pour trouver les bonnes affaires, ?sentir les coups?... » S'il rêve aujourd'hui de conquérir les États-Unis, l'ancien boxeur n'oublie pas ses racines. Son parcours et son expérience, il entend les mettre au service des jeunes des cités et de Bamako, à travers différents programmes qu'il parraine ou finance : « Pour moi, la réussite, c'est quelque chose qui doit se partager. » Tatiana Renard-Barzach
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