L'équipe Obama au chevet de Detroit

L'équipe gouvernementale chargée de superviser le sauvetage de General Motors et de Chrysler épluche, depuis hier soir, deux volumineux dossiers. Les constructeurs automobiles ont en effet remis cette nuit leurs rapports d'étape dans lesquels ils détaillent leurs projets visant à garantir leur retour à la « viabilit頻 avec l'argent des contribuables américains. L'équipe, constituée autour du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, se donne une dizaine de jours pour analyser ces propositions. Elle convoquera ensuite les dirigeants des constructeurs qui doivent lui remettre un rapport final le 31 mars.Personne, à Washington comme à Detroit, ne s'attendait à ce que GM ou Chrysler soient parvenus dès hier soir à obtenir de leurs créanciers et du syndicat UAW les concessions exigées à la fin 2008 par l'administration Bush pour obtenir, puis conserver des prêts d'urgence de 13,4 milliards de dollars. Hier, ces négociations se poursuivaient. GM tentait d'obtenir de l'UAW qu'il accepte que le fonds d'assurance santé de ses retraités (Veba) soit financé pour moitié en titres. Le groupe négociait par ailleurs la réduction des deux tiers de sa dette obligataire de 27,5 milliards de dollars. GM et Chrysler devront aussi aligner les rémunérations de leurs salariés sur celles pratiquées par les constructeurs étrangers présents aux États-Unis.baisse des salairesDans son rapport, GM devait assurer que ces négociations aboutiraient d'ici au 31 mars et présenter une vaste restructuration?: licenciement de quelque 10.000 salariés, réduction de la paye de ses cols blancs aux États-Unis, fermeture de sites pressentie par les syndicats européens? Bien que les repreneurs ne se bousculent pas, la cession de plusieurs marques ? Hummer, Saab et, selon les médias américains, Opus ? devait aussi figurer dans ce plan.Sans attendre son dossier, l'administration Obama a remis hier 4 milliards de dollars à GM, comme prévu lorsque le groupe a perçu 9,4 milliards en décembre. Dans son rapport, GM n'exclut pas de demander son placement sous la protection de la loi sur les faillites (chapitre 11). Une initiative tactique qui vise sans doute à faire pression sur l'UAW et les créanciers. « Compte tenu de son impact social et budgétaire, nous n'avons pas d'indication que l'administration Obama favorise ce scénario », pondère en effet une source proche des négociations.« Le chapitre 11 marquerait la fin de GM », affirme John Wolkonowicz, chez IHS Global Insight, car les clients se détourneraient davantage du constructeur. Selon l'analyste, l'administration Obama sauvera GM, mais aussi « Ford qui aura besoin d'argent avant la fin 2009 ». « Avec moins de 50 milliards de dollars de prêts, des GM et Ford restructurés pourront devenir très profitables en 2012 et 2013, lorsque le marché américain repassera le cap des 12 millions de véhicules annuels, prévient Wolkonowicz, mais à condition que le Congrès ne leur impose pas immédiatement de coûteuses normes environnementales. »À l'instar de nombreux analystes, John Wolkonowicz estime en revanche que l'avenir du troisième constructeur, Chrysler, qui affirme avoir besoin de 3 milliards de dollars supplémentaires et qui devait présenter hier ses projets avec l'italien Fiat, apparaît beaucoup plus incertain.
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