La Poste transformée en société anonyme

Nicolas Sarkozy veut désormais aller vite, imprimant ainsi son style sur le dossier de la réforme de La Poste. Le président de la République a annoncé hier, à l'occasion d'un déplacement dans les Vosges, la transformation du statut de l'entreprise publique vers une société anonyme (SA). Nicolas Sarkozy a pris position le lendemain même de la remise du rapport Ailleret, favorable au changement de statut de La Poste, au Premier ministre. Et ce, près de trois mois seulement après sa mise en place.Aujourd'hui, en fin d'après-midi à l'Élysée, le chef de l'État précisera son projet pour La Poste en recevant la plupart des acteurs concernés par ce dossier, dont le président de l'entreprise Jean-Paul Bailly ainsi qu'un certain nombre d'élus et de syndicalistes. Assortira-t-il le changement de statut, qui nécessite un processus législatif, d'une dotation directe et immédiate de l'État, comme veulent le croire certains observateurs ? Cette possibilité n'est pas officiellement confirmée. « Mais il est plus que probable que Nicolas Sarkozy réserve une annonce à la réunion d'aujourd'hui », analyse un proche du dossier.De son côté, La Poste, qui a publié hier ses prévisions de budgets 2009, rappelle que « la crise amplifie la nécessité d'un apport de nouveaux moyens financiers dans l'entreprise », selon le groupe public. La Poste vise en 2009 une « stabilisation de sa marge d'exploitation au niveau de celle de 2008, entre 3,5 et 4 % ». Elle prévoit en outre 1,3 milliard d'euros d'investissements internes en 2009, contre 1,2 milliard en 2008. « Ce montant est très supérieur à nos prévisions initiales, puisqu'il prend en compte les 600 millions d'effort supplémentaire demandés à La Poste via le plan de relance [annoncé par Nicolas Sarkozy le 4 décembre, Ndlr] », confirme le groupe. Hier, lors d'un conseil d'administration, ce dernier a également décidé de mettre fin au processus d'acquisition, par sa filiale de colis Express Geopost, du groupe espagnol Seur. Un projet, dépassant les 564 millions d'euros, jugé trop coûteux au vu « du développement de l'économie espagnole et de l'évolution du marché de l'express », a précisé La Poste à l'AFP.urgenceLe rapport Ailleret souligne d'ailleurs une certaine urgence. « À court terme, prévient-il, les investissements initialement prévus [par le groupe] sur 2009-2010 pourraient, en l'absence de recours à une source de financement externe, être remis en cause du fait de la dégradation des résultats de l'activité courrier. » Selon le document, le groupe public aurait besoin d'au moins 2,7 milliards d'euros entre 2009 et 2012. La Poste, qui présentera ses résultats annuels en mars, envisage une baisse globale de l'activité courrier de 3 % sur 2008.Pas question pour autant de privatiser, même partiellement, La Poste, selon le rapport Ailleret. La comparaison de la version finale du document et d'une précédente « version de travail » renforce l'opposition à cette possibilité, jugée « dans le contexte de la crise financière [?] ni souhaitable ni crédible ». Malgré cette précaution, sans surprise, ce rapport ne fait pas consensus. Une partie des membres du groupe de travail sont hostiles, depuis le début, au changement de statut. « C'est au final toujours la même logique du pied dans la porte, des petits pas qui permettent, sans en avoir l'air, d'atteindre l'objectif initial contrarié par la crise : l'ouverture du capital et la mise en Bourse », juge le député socialiste François Brottes, membre de la commission. La plupart des syndicats de La Poste (CGT, SUD, FO, CFTC) partagent cette analyse et exigent toujours un référendum sur cette question. Pas sûr que Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, arrive à les convaincre.
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