« Beaucoup de professionnels vont être exsangues »

Jean-Louis Bergès, Directeur Général de BoissetL'impact de la crise s'est-il accentué depuis le début de l'année ?Oui. En moyenne, nos ventes ont décru de 20 %. Et dans des conditions très erratiques : selon les mois, de + 3 % à ? 40 % ! De plus, en volume, les vins de table et les vins de pays ne sont pas affectés, alors que pour les grands crus de bourgogne c'est l'effondrement : ? 90 % ! Le niveau de l'euro face au dollar et à la livre nous dessert énormément. Pour un consommateur anglais, le prix des vins français a augmenté de 25 %, du coup nos ventes de chablis ont chuté de 40 %.Pourquoi ne baissez-vous pas vos prix ?Baisser de 25 % ? Dans la majorité des cas, c'est impossible. On essaie de repositionner nos gammes avec des produits moins chers. Cela suppose de trouver des artifices marketing avec des produits qui, sans être du châteauneuf-du-pape ou du chablis, peuvent rappeler ces appellations appréciées.Voici deux ans, vous présentiez à Vinexpo de nouveaux contenants pour conquérir de nouveaux marchés. Cela n'a pas marché ?Il s'agissait de « packagings » plus modernes et plus légers comme le PET ou le Tetrapak. Cela répondait à une logique de développement durable. Mais, en dehors du Canada, cela n'a pas encore percé. En fait, seul le « Bag in Box » (emballage plastique de taille variable permettant de conserver le vin après ouverture) a trouvé son marché. En Suède et en Norvège, il représente 60 % des ventes. Pour le consommateur, il s'agit d'une commodité. Il n'achète que si le prix au litre est inférieur. La création de valeur n'est pas au rendez-vous.Comment comptez-vous tenir le choc ?Nous sommes numéro 1 en bourgogne et côtes-du-rhône. La vente de nos spiritueux l'an passé nous met dans une situation confortable par rapport à nos concurrents. Dans nos métiers, les ressources en capitaux sont vitales. Beaucoup de professionnels vont être exsangues. Cela devrait nous permettre de gagner des parts de marché. Pour ceux qui, comme nous, ont de la trésorerie, la crise peut donc être une opportunité. PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE KUPFERMAN
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.