Les mutualistes contre Solvabilité 2

Le secteur de l'assurance français se divise sur les nouvelles normes de solvabilité. Alors que les grands groupes comme Axa ou AGF n'ont jamais caché leur souhait de voir adopter la nouvelle directive Solvabilité 2 avant la fin de la présidence française de l'Union européenne en décembre, les mutualistes s'étaient montrés plus réservés. Ils deviennent carrément hostiles au projet car les amendements qu'ils attendaient ne seront pas introduits. Au sein de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA), les sociétés anonymes réunies au sein de la FFSAA (Fédération française des sociétés anonymes d'assurance) sont en désaccord avec les mutualistes de la FFSAM (Fédération française des sociétés d'assurance mutuelle). Jean Azéma, président de la FFSAM et directeur général de Groupama, a écrit fin octobre à Christine Lagarde, ministre de l'Économie, pour demander le report de l'adoption de la directive Solvabilité 2. « La crise financière a montré que les normes Bâle 2 pour les banques ne les ont pas aidées à gérer la crise mais les ont pénalisées », indique-t-on chez Groupama où l'on considère que Solvabilité 2 comporte, en son état actuel, « plusieurs points problématiques ».besoin en capitalPour Michel Dupuydauby, président de la ROAM (Réunion des organismes d'assurance mutuelle), cette directive pourrait fragiliser le secteur dans la mesure où « elle prévoit de traiter les classes d'actifs en valeurs de marché (mark to market). Or on en voit bien les effets dévastateurs en ce moment ». De plus, « rien n'indique que cette directive va améliorer la solvabilité du secteur de l'assurance. Au contraire, elle va même avoir tendance à la diminuer », estime ce directeur général du groupe mutualiste MACSF. En raison de la prise en compte de la diversification de leurs activités, les exigences de marge de solvabilité seront, pour les grands groupes, inférieures aux exigences actuelles. Ce moindre besoin en capital les rendra plus compétitifs et les « autres assureurs comme les mutuelles spécialisées risquent de n'avoir d'autres solutions que de s'adosser ou de disparaître », ajoute Michel Dupuydauby. La Mutuelle des architectes français a par exemple montré que son besoin de marge de solvabilité serait divisé par dix selon les règles de Solvabilité 2, si elle était adossée à un grand groupe. « Est-il opportun de mettre en place un système qui va conduire à réduire la solvabilité globale des assureurs?? », s'interroge Michel Dupuydauby. Il déplore par ailleurs l'opacité engendrée par les futures règles « du fait de la complexité des modèles de calcul ». Pour lui la « sagesse commanderait de différer le vote de la directive Solvabilité 2 ». Et à défaut « notre recommandation est de passer rapidement à la préparation de Solvabilité 3 ». D'autres mutualistes, ceux réunis au sein du GEMA (Maif, Macif, Matmut notamment) affichaient récemment leur désir de voir Solvabilité 2 « entrer en vigueur sans trop tarder ». Séverine Sollier
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