Tous les rouages de l'économie espagnole se grippent

Initialement axée sur la construction, la crise économique en Espagne, désormais, est devenue globale, et notamment industrielle. C'est ce qui ressort des chiffres détaillés de la croissance au troisième trimestre rendus publics hier, qui reflètent, pour la première fois depuis 1993, une croissance négative du PIB en glissement trimestriel : - 0,2 %. Tandis qu'en glissement annuel on est passé, en un an à peine, de 3,6 % à 0,9 %. La tendance étant à la détérioration rapide, l'Espagne devrait à son tour entrer formellement en récession au quatrième trimestre.Si la dégringolade de la construction, avec une chute de 5 % en glissement annuel, n'est plus une nouveauté, celle de l'industrie l'est davantage, et les espoirs du gouvernement de la voir prendre le relais de la brique semblent illusoires. Elle a affiché au troisième trimestre un recul de - 3,4 %, après les - 2,7 % entre avril et juin. Le déclin est rapide puisque, il y a un an à peine, l'industrie progressait encore à un rythme de 2,9 %. Un tel retournement était à prévoir alors que la consommation des ménages stagne (à peine 0,1 %) et que l'investissement en biens d'équipement, après une période de croissance accélérée, commence à son tour à reculer : - 0,6 % (au début de 2007, il progressait encore de 13,3 % !). Les plus affectés sont les biens de consommation durables, comme l'automobile : les immatriculations ont baissé en octobre de 40 %, et de 23,8 % sur dix mois. L'emploi est durement touché, davantage qu'ailleurs : la hausse du chômage, désormais, n'est plus seulement due à la hausse de la population active, car l'économie espagnole a vu pour la première fois baisser, de 0,8 %, le nombre total d'emplois offerts. Là aussi, si la construction est en pointe, avec - 12,8 % d'emplois en moins sur un an, l'industrie suit le mouvement et enregistre pour la première fois un recul : - 1,2 %. un déficit de 1,5 %Le président de l'exécutif, José Luis Rodriguez Zapatero, a annoncé pour le 27 novembre un nouveau plan de relance (le cinquième depuis le début de la crise...) mais son ministre de l'Économie, Pedro Solbes, a reconnu que la marge de man?uvre est désormais étroite. Il y a peu, le gouvernement se vantait encore de son confortable excédent des comptes publics : 2,2 % en 2007. Aujourd'hui, il reconnaît qu'il laissera la place à un déficit de - 1,5 % cette année, qui pourrait grimper au-delà de 3 % en 2009. Les diverses mesures de relance déjà mises en ?uvre, depuis les quelque 6 milliards d'euros de restitutions fiscales jusqu'aux 36 milliards de lignes de crédit bonifié de l'Institut de Crédit officiel n'ont guère suffi à ralentir la chute. Elles ont par contre accéléré la naturelle détérioration des comptes publics liée aux stabilisateurs économiques : sur les neuf premiers mois de 2008, les prestations de chômage ont augmenté de 41,8 %, tandis que le recouvrement de la TVA reculait de 26,3 %, et celui de l'impôt sur les sociétés de 29,5 %. Rien d'étonnant si l'impact de la crise atteint désormais de plein fouet les comptes des entreprises, et surtout les PME. Si les « poids lourds » de l'Ibex 35 résistent encore, les entreprises cotées en Bourse mais non inclues dans cet indice (entreprises de taille moyenne pour la plupart) ont vu leur bénéfice fondre de 84 % sur les neuf premiers mois de 2008.
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