Selon une information du « Monde » daté d'aujourd'hui, EDF préparerait secrètement un grand emprunt obligataire à destination des particuliers français. L'opération, si elle se fait, est de nature à bousculer sensiblement les habitudes hexagonales.Celles des investisseurs particuliers français surtout. Contrairement aux ménages allemands, belges ou suisses par exemple, ils n'ont pas accès à la dette des grandes entreprises. Ou très difficilement. « Techniquement, rien n'empêche les particuliers d'accéder au marché secondaire des obligations d'entreprises cotées sur Euronext », indique pourtant Marie-Hélène Crétu, directeur sur les produits de taux chez Nyse-Euronext.Dans les faits, les volumes négociés restent modestes (5.000 transactions par jour en moyenne sur l'ensemble des produits obligataires) et les prix souvent peu avantageux, car les investisseurs institutionnels préfèrent traiter de gré à gré. En outre, l'appétit est tel, actuellement, sur les obligations d'entreprises qu'il est très difficile de se procurer des titres sur le marché secondaire. « Les particuliers sont découragés par les réseaux bancaires d'acheter des obligations en direct car les banques préfèrent placer leurs propres produits », explique un professionnel. Finalement, les seules obligations auxquelles les particuliers ont facilement accès sont celles émises par des banques comme BNP Paribas ou le Crédit Agricolegricole à destination de leur réseau.défrichageMême le marché des obligations assimilables du Trésor (OAT) destinées au particulier ? spécialement lancé à leur intention en 2006 ? végète. Et pour cause : les banques qui devaient en assurer la liquidité et répondre aux demandes des particuliers n'y ont pas trouvé leur intérêt.EDF, qui refuse pour l'instant de commenter les « rumeurs », aura donc un travail de défrichage et d'éducation significatif à faire si elle veut mener à bien son projet. « La réussite d'un tel emprunt obligataire à destination des particuliers donnerait sans doute des idées à bon nombre d'entreprises connues », estime un spécialiste du marché du crédit. En Allemagne par exemple, Metro, Daimler et Volkswagen ont récemment placé de la dette auprès de particuliers, ravis des niveaux de coupons offerts. « Les rendements proches de 7 % à 8 % actuellement offerts par les obligations se rapprochent de ceux des actions et, à moins d'un défaut, le capital est garanti », renchérit un banquier pour qui « l'opération d'EDF n'est pas surprenante dans le mouvement actuel de réallocation des actifs vers le marché obligataire ». S. R.

latribune.fr

06 Mai 2009, 1:46

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