Réindustrialiser le site AZF prend du temps

Pour l'économie aussi, il y a eu un avant et un après 21 septembre 2001 à Toulouse. L'explosion de l'usine AZF, dont le procès s'ouvre aujourd'hui, a sinistré l'industrie chimique, dans une ville qui comptait beaucoup sur cette activité. La SNPE et ses filiales Tolochimie et Isochem employaient, à elles seules, plus de 600 personnes. Avant 2001, la filière était ainsi estimée à près de 10.000 emplois directs sur la région toulousaine. À titre de comparaison, l'aéronautique-espace, déjà premier secteur industriel régional, pesait alors 20.000 emplois en Haute-Garonne.Que s'est-il passé après AZF ? La chimie a fondu de moitié pour ne plus représenter, en 2006, que 5.000 emplois sur toute la région Midi-Pyrénées. « Nous avons vécu une catastrophe humaine et économique avec l'explosion d'AZF, qui a bouleversé le paysage de la chimie régionale », expliquait l'an dernier Frédéric Briand, président de l'Union des industries chimiques de Midi-Pyrénées. La SNPE, a connu de nombreuses rénovations et des fermetures : 100 personnes à peine travaillent sur le site, avec une orientation vers la chimie verte et la création d'un hôtel d'entreprises pour des start-up biotech.Le projet majeur de réindustrialisation du site est la construction du Cancéropôle. Un vaste projet couvrant 220 hectares et demandant plus de 1 milliard d'euros d'investissements publics et privés. Pierre Fabre est en passe d'y achever son Institut de recherche et développement (R&D), qui accueillera 750 collaborateurs. Sanofi, deuxième groupe pharmaceutique mondial, y investit 300 millions d'euros pour développer ses capacités de recherche via une « chimiothèque ». À terme, plus de 1.000 personnes doivent y travailler. La Clinique du cancer, dont la première pierre a été posée en début d'année, devrait elle aussi générer de l'activité sur le site, tout comme l'Itav, l'Institut des technologies avancées en sciences du vivant.tourner la pageD'ici à 2012, 4.000 personnes devraient travailler sur le Cancéropôle. Les premiers bâtiments seront livrés ce premier semestre. En septembre prochain, près de 1.800 personnes seront déjà présentes sur le site. Outre les travaux de dépollution et de remise en état de l'emplacement de l'usine AZF, le groupe Total s'est aussi impliqué dès 2002. « Après la catastrophe, nous nous sommes engagés à créer 1.000 emplois sur la région toulousaine, explique Patrick Timbart, délégué régional de Total. Le contexte nous a été favorable et nous avons finalement aidé à générer 2.000 emplois à travers plusieurs actions. » Le groupe a implanté une usine de production de panneaux photovoltaïques, par le biais d'une filiale avec EDF, baptisée Tenesol, qui emploie une centaine de personnes. Il participe aussi à un fonds créé par la société d'investissement IRDI, qu'il abonde à hauteur de 2 millions d'euros. Il implique enfin son activité Total Développement Régional pour qu'un effort particulier soit réalisé sur Toulouse. Cinq millions d'euros ont été apportés pour financer une cinquantaine de projets.L'explosion d'AZF a donc considérablement modifié le paysage, donnant une suprématie très forte à l'aéronautique. La chimie, elle, est tombée de son piédestal. Le procès qui débute doit permettre aux Toulousains de tourner définitivement la page. n
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