Pourquoi les experts se trompent souvent

Ne leur dites pas qu'ils n'avaient pas vu venir la crise, ils vous certifieront le contraire : les économistes n'aiment pas être pris en défaut. Et chacun d'entre eux vous démontrera qu'il avait parfaitement anticipé les événements actuels, alors que ses écrits et déclarations prouvent le contraire. À leur décharge, que leur tâche est difficile !D'abord parce que le système qu'ils observent, l'économie mondiale, est d'une complexité croissante, explique Anton Brender, économiste de Dexia. Un acteur essentiel comme la Chine, par exemple, a conquis une place commerciale et financière prépondérante dans les toutes dernières années, et bouleversé les équations traditionnelles de la macroéconomie. Ensuite parce que l'emprise croissante de la finance sur l'économie réelle donne un poids de plus en plus important à la psychologie collective, déterminant premier des marchés financiers éminemment volatil. La crise financière a ainsi une composante « molle », liée à la panique brutale qui s'est emparée des investisseurs ? le plus vieux facteur de crise au monde ? et qui n'était pas prévue par les modèles mathématiques. L'idée même de réduire les comportements humains à des équations est évidemment suspecte. Et les économistes de marché qui ont adopté cette stratégie pansent aujourd'hui leurs plaies. À l'évidence, l'économie n'est pas une science, en tout cas pas davantage que la cartomancie. Donnerait-on le prix Nobel à Madame Irma ?Marc de Scitivaux (Catallaxis), l'un des rares à avoir anticipé avec précision la crise financière, note également l'asymétrie du « risk reward ratio ». En clair, avoir tort avec tout le monde ne porte pas à conséquence pour un économiste. Car la faute individuelle est diluée. En revanche, se tromper tout seul est évidemment très coûteux. D'où le conformisme des scénarios, relayé par celui des « médiateurs » que sont la presse et les relais d'opinion, souvent conservateurs.éviter les dînersComment se protéger d'un tel conformisme ? Il y a deux règles de base, répond Scitivaux : aller voir à la source même de l'information, car les commentaires déforment souvent la réalité. Et proscrire à tout jamais les réunions professionnelles et autres dîners de gala, où le consensus exerce sa pesante et aveuglante tyrannie. F.  L.
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