Accès de faiblesse surprise de Microsoft

L'exercice 2008-2009 restera gravé dans l'histoire de Microsoft. Le numéro un mondial du logiciel a enregistré la première baisse annuelle de son chiffre d'affaires depuis sa cotation en Bourse, en 1986, le premier recul des ventes de sa division de systèmes d'exploitation Windows, et supprimé pour la première fois des emplois (5.000 postes). La division Internet du groupe, instrument de la reconquête du Web face à Google, établit aussi un triste précédent, en dégageant entre avril et juin une perte opérationnelle (732 millions de dollars) plus élevée que son chiffre d'affaires (731 millions).Les résultats annoncés jeudi soir par Microsoft pour son quatrième trimestre clos à la fin de juin ont surpris par leur faiblesse. Alors qu'il ne s'était replié que de 6 % sur un an au trimestre précédent, le chiffre d'affaires de Microsoft s'est affaissé ce trimestre de 17 %, à 13,1 milliards de dollars, un niveau très inférieur aux attentes de Wall Street, situées à 14,5 milliards. Sur l'ensemble de l'année, les ventes de Microsoft ont baissé de 3 %. L'ampleur de ce ratage a inspiré ce commentaire à un analyste interrogé par Reuters. « Ils ont vraiment été légers sur le chiffre d'affaires, ils doivent expliquer où est passé l'argent. Si j'étais Nancy Drew [le détective de fiction], je me trouverais devant un cas de chiffre d'affaires manquant. »Fait notable, les marchés n'ont pas extrapolé la médiocrité de ces résultats à l'ensemble du secteur technologique, plus enclins à les imputer à des faiblesses propres à Microsoft qu'à réévaluer leur optimisme renaissant sur l'économie en général, alimenté par Intel dans le secteur technologique. Une heure après l'ouverture de Wall Street, Microsoft plongeait de 10 %, à 23 dollars, alors que le Dow Jones ne fléchissait que de 0,3 %.décalageToutes les divisions du groupe ont vu leurs chiffres d'affaires se contracter ce trimestre. Mais aucune autant que la plus rentable d'entre elles, la division clients, qui vend les systèmes d'exploitation Windows. Sur le quatrième trimestre, son chiffre d'affaires a reculé de 29 %, à 3,1 milliards de dollars, une chute nettement plus brutale que celle du marché du PC, qui ne s'est replié que de 3 % en unités, selon IDC. Plusieurs paramètres expliquent ce décalage. Entre autres, le succès croissant des Netbooks, principal facteur de la résistance du marché du PC. Microsoft truste l'essentiel du marché des systèmes d'exploitation pour ces petits portables à bas prix, mais avec une version allégée du vieux Windows XP, vendue moins chère que le décrié Vista.Par ailleurs, les entreprises taillent dans leurs dépenses technologiques et rechignent à s'équiper du dernier système d'exploitation du groupe. Selon une étude récente de Forrester, seuls 12 % des PC d'entreprise dans le monde fonctionnent avec Vista, contre 86 % avec XP. La sortie de Windows 7 promise pour octobre a sans doute aussi entraîné l'attentisme des clients.absence de visibilitéLes réductions de coûts engagées par Microsoft ? plus de 3 milliards de dollars sur l'année ? lui ont en revanche permis de limiter les dégâts en termes de bénéfices. Sur le dernier trimestre, le résultat net s'est élevé à 3 milliards de dollars, en baisse de 29 %, un montant conforme au consensus.Le discours tâtonnant de Microsoft sur le court terme a également contrasté avec le regain d'optimisme ambiant. « Nous anticipons des conditions toujours difficiles pour l'année en cours. Les choses ne vont pas nécessairement mieux, mais, au moins, nous pourrions avoir touché le fond », a déclaré le directeur financier Christopher Liddell. Preuve de cette absence de visibilité, Microsoft, qui n'avait pas donné d'objectifs financiers sur les deux précédents trimestres, n'en pas plus dévoilé pour celui en cours, contrairement à Intel. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.