Les gérants alternatifs devront revoir leur modèle de frais

Les hedge funds ont perdu en moyenne 18,3 % en 2008, selon les dernières données de Hedge Fund Research. Ce sombre constat ne sera pas sans effet sur la structure des frais de cette industrie. En général, la règle est de pratiquer des frais de gestion compris entre 1,5 % et 2 % auxquels s'ajoutent 20 % de commission de surperformance. Les mauvais résultats de 2008 pourraient bien remettre en cause cette structure. Avec, pour les investisseurs, une baisse des frais. Certains gérants l'ont déjà fait. Pour compenser de mauvaises performances, Renaisssance Technologies a supprimé ses frais de gestion de 1 % sur Renaissance Institutional Futures Fund. Tandis que Ramius Capital Group offrait des commissions plus faibles pour inciter ses clients à ne pas sortir. Tout le monde ne le fera pas. Une étude de Bfinance (cabinet de conseil en sélection de gérant), menée auprès de 28 gérants de hedge funds et de fonds de hedge funds basés dans 10 pays, montre une tendance à la baisse des frais. « Les commissions fixes des fonds de hedge funds pourraient baisser de 17 % et seraient comprises entre 90 et 100 points de base, indique Muriel Nahmias, directrice des études chez Bfinance. Dans le même temps, les frais de surperformance des hedge funds baisseraient de 25 % pour se situer à 10-15 % ». Les professionnels reconnaissent qu'il y aura une pression à la baisse en 2009 sur les frais mais leur structure ne changera pas fondamentalement et les fonds classés dans le premier quartile ne seront pas vraiment concernés. D'autant qu'il n'est pas sûr que les coûts vont baisser. « Les acteurs devront tout de même revoir leur modèle de pricing s'ils veulent retenir leurs clients ou en attirer d'autres, estime Muriel Nahmias, notamment sur les hurdle rates (Ndlr : taux à partir duquel les performance fees sont calculées) et les lock up ». Sur la question du hurdle rate, 29 % des professionnels interrogés s'attendent à voir ce taux augmenter, contre 11 % à la baisse et 61 % inchangé. Quant aux lock up, c'est-à-dire les portes de sortie, les gérants sont prêts à pratiquer un rabais sur les frais en échange d'un allongement du blocage des investissements à au moins deux ans. Cela fidélise les clients et évite les rachats massifs et ventes forcées des actifs les plus liquides. Les avis sont partagés sur la question des lock up. Sur les stratégies liquides comme les CTA, cela n'a pas de sens d'avoir des lock up longs. À l'inverse, sur les stratégies d'arbitrage, cela peut s'avérer nécessaire.Qu'en pensent les investisseurs ? Bfinance a interrogé des fonds de pension d'une dizaine de pays. Il ressort des réponses que les investisseurs ne sont pas opposés à payer des commissions si les performances sont au rendez-vous. Mais si ce n'est pas le cas, là, ils ne sont plus d'accord. Ils sont largement satisfaits (90 %) du rapport performance-coût pour les produits à gestion passive et obligataires. Pour les produits à alpha élevé, que les institutionnels souhaitent renforcer dans leurs allocations, ce taux chute à 40 % pour la multigestion alternative et à 14 % pour les mandats d'allocation tactique globale. Sur les produits alternatifs qui pratiquent des gates les empêchant de faire des rachats, ils déclarent vouloir négocier à la baisse les commissions, voire, pour certains, ne pas en payer du tout. Car pourquoi payer alors que les fonds ne sont plus gérés ? Mais dans la hiérarchie de leurs revendications, ils souhaitent une baisse des frais fixes, suivi d'une hausse des hurdle rates et d'une baisse des frais annexes, critiquant une certaine opacité des coûts. Sur la question des commissions de performance, ils sont 65 % à désirer qu'elles soient calculées sur quatre ou cinq ans. Cela a du sens dans la mesure où la qualité d'une gestion se mesure sur moyen-long terme et non pas sur un an. Enfin, les gérants et les investisseurs se rejoignent sur des lock up plus longs, à condition toutefois de bénéficier d'un rabais de 10 % minimum par année d'immobilisation.
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