Bernanke président de la Fed, acte II

Le suspense n'aura pas duré longtemps. Barack Obama a annoncé hier, depuis son lieu de villégiature de Martha's Vineyard, son intention de nommer Ben Bernanke pour un second mandat de quatre ans à la tête de la banque centrale américaine. Une victoire pour celui que le Congrès et les lobbys bancaires ne ménagent pas depuis le début de la crise des subprimes, au point que son renouvellement à la tête de la Fed ne semblait plus aller de soi. Ben Bernanke doit encore être auditionné par le Sénat avant de rempiler le 31 janvier. Une procédure qui ne sera pas purement formelle dans l'environnement actuel mais dont l'issue fait peu de doutes : celui qui a géré la pire crise économique et financière depuis les années trente ? une période qu'il connaît bien pour avoir coécrit un ouvrage sur le sujet ? aura le « privilège » de piloter la sortie de crise. Les défis à relever sont immenses, l'intéressé l'admet bien volontiers. Mais pour le président Obama, « grâce à ses états de service, sa détermination, son courage et sa créativité, Ben Bernanke est l'homme idéal pour remettre les États-Unis sur les rails de la prospérit頻.soutien des économistesSi les rumeurs ont donné à Ben Bernanke plusieurs successeurs potentiels, parmi lesquels Larry Summers (actuel président du National Economic Council), Alan Blinder (ancien vice-président de la Fed) ou Janet Yellen, présidente de la Fed de San Francisco, l'ouverture en hausse de Wall Street hier, après l'annonce présidentielle, a conforté le président Obama dans sa décision de ne pas changer de capitaine dans la tempête. Critiqué par les politiques, Bernanke a le fervent soutien des économistes : 42 des 43 spécialistes interrogés par le « Wall Street Journal » ce mois-ci plaidaient pour sa reconduction. À son actif, Bernanke a réussi à gérer l'effondrement de la croissance américaine, passée de + 5,4 % en rythme annuel à son arrivée en janvier 2006 à ? 6,4 % au premier trimestre 2009, en évitant le gouffre de la dépression. Reste à transformer l'essai, alors que des signes de stabilisation de la croissance apparaissent.En tout cas, l'histoire aura permis à Bernanke de se défaire beaucoup plus rapidement que prévu de l'ombre tutélaire de son prédécesseur. Si Alan Greenspan venait à mourir, il faudrait « le redresser, lui mettre des lunettes noires et le maintenir ainsi le plus longtemps possible », plaisantait le sénateur républicain John McCain, du temps où l'on n'imaginait pas la Fed autrement présidée que par le « Maestro ». Depuis que la crise sévit, la presse américaine piétine allégrement celui qu'elle idolâtrait hier.
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