Informatique : le marasme des mémoires Dram

Pertes en cascade, réductions de productions, suppressions d'emplois, gel d'investissements, renflouements publics, privés? Les manifestations de la fragilité de l'industrie des mémoires Dram, principalement utilisées dans les ordinateurs, sont quasi quotidiennes.Samedi, Qimonda, filiale déficitaire de l'allemand Infineon, numéro quatre mondial, qui a récemment annoncé des suppressions d'emplois et mis en garde contre sa prochaine pénurie de liquidités, sécurisait 325 millions d'euros de crédit, publics pour l'essentiel. Mardi, les actionnaires et créanciers du sud-coréen Hynix (numéro deux) acceptaient de le refinancer à hauteur de 800 milliards de wons (430 millions d'euros) et d'allonger la maturité de la dette de l'industriel, qui annonçait le gel de deux investissements. Le même jour, l'américain Micron (numéro cinq), qui compte supprimer 2.850 postes sur deux ans, annonçait sa huitième perte trimestrielle consécutive, de 706 millions de dollars ? un montant représentant la moitié de son chiffre d'affaires. Mercredi, le quotidien de Taipei « Digitimes » indiquait que les quatre principaux fabricants de mémoires taiwanais ? Powerchip, ProMOS, Inotera et Nanya ? devraient enregistrer plus de 3,5 milliards de dollars américains (2,5 milliards d'euros) de pertes en 2008. La veille, il rapportait, en citant des sources proches du dossier, que le gouvernement taiwanais avait préparé un projet d'aide de 6,5 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros) pour ses industriels. Ces dernières semaines, la plupart de fabricants de Dram, y compris Samsung, le premier d'entre eux, ont annoncé des baisses de production.« alerte rouge »Les déboires des fabricants de mémoires s'inscrivent dans un recul généralisé du marché des semi-conducteurs, frappé par le ralentissement économique, qui affecte la demande pour l'électronique grand public, le marché de la téléphonie ou de l'automobile. L'institut Gartner a opéré la semaine dernière une spectaculaire révision en baisse de sa prévision pour le marché en 2009, l'abaissant, en un mois seulement, d'un recul attendu de 2,2 % à une chute de 16,3 %. Le cabinet de conseil iSuppli émettait dans le même temps la première « alerte rouge » de son histoire sur le niveau excessif des stocks. Tous les plus grand industriels du secteur - les américains Intel, Texas Instruments, National Semiconductor, le franco-italien STMicroelectronics - ont publié des avertissements sur résultats. Si le ralentissement économique a un rôle amplificateur, conjugué à la crise bancaire qui aggrave les difficultés de refinancement des entreprises, l'industrie des mémoires Dram souffre avant tout de ses faiblesses structurelles, estiment les spécialistes. « Le cycle des DRAM a commencé à se détériorer début 2007 », observe ainsi Benoît Flamant, gérant d'IT Asset Management.Consolidation inévitable« Une réduction de la production cohérente et touchant l'ensemble du secteur s'impose pour diminuer les stocks avant qu'un redressement progressif ne survienne », observait Ken Chan, analyste chez Moody's, dans une note publiée lundi.Trop fragmentée, l'industrie paye le prix de plusieurs années de course effrénée aux parts de marché de trop nombreux acteurs, débouchant sur une surproduction et un effondrement des prix. L'industrie a des coûts fixes élevés - ils représentant 60 % de l'ensemble des coûts - et de nombreux acteurs préfèrent en effet continuer à produire tant que la situation n'est pas absolument critique. Les prix ont ainsi baissé de 70 % à 80 % en 2008, ce qui a amené les industriels à vendre à perte. « Le schéma est classique, après une baisse de cycle, les acteurs, trop nombreux dans cette industrie, réinvestissent lorsque les marges reviennent, la surcapacité intervient en sommet de cycle et déclenche d'importantes baisses de prix », résume Benoît Flamant.Dans cette situation, une majorité d'analystes prévoient, et plaident, pour une forte concentration du secteur, des renflouements ne faisant que retarder l'échéance d'une vaste consolidation, vue comme inévitable. « Seul un large soutien des gouvernements aux acteurs pourrait éviter la rationalisation de l'industrie, mais ce serait un désastre pour le secteur et ne ferait que prolonger la récession » estime ainsi Andrew Norwood, vice-président de la recherche chez Gartner. nfragmentée, l'industrie paye le prix de plusieurs années de course effrénée aux parts de marché, débouchant sur une surproduction et une baisse des prix.
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