« Vers une révision de l'offre de couverture et de prix »

La Tribune : Les négociations à Baden-Baden sont-elles plus difficiles cette année ?Victor Peignet : Oui, dans la mesure où elles vont se dérouler dans un environnement de crise sans précédent et pas encore stabilisé. Oui également dans la mesure où, à l'issue de trois années consécutives de baisses des taux et dans un marché affecté par une sinistralité en hausse sensible depuis dix-huit mois, un changement de tendance s'impose. La nécessité d'inverser la tendance est exacerbée par la crise financière, qui devrait changer le rapport entre l'offre et la demande. Aux grands sinistres de marché, d'origine climatique ou humaine, vient s'ajouter une fréquence anormalement élevée de sinistres de moyenne sévérité qui pèsent sur les résultats. Dans ce contexte, le dialogue doit s'instaurer entre assureurs et réassureurs pour trouver les moyens de conserver ou de restaurer des marges techniques suffisantes.Comment comptez-vous faire admettre ces hausses de prix aux assureurs ?V. P. : La réassurance est un outil de gestion et d'optimisation du capital, dont le coût ne peut pas ne pas être répercuté. La crise financière induit également une forte incertitude sur l'inflation dont il faut tenir compte. Enfin nous arrivions, indépendamment de la crise, à un niveau d'érosion des marges qui nous mettait à la limite de la rentabilité sur le capital alloué dans un nombre croissant des branches et des marchés dans lesquels nous opérons. La recrudescence de la sinistralité combinée avec l'impact de la crise sur les revenus financiers doit conduire à une révision de l'offre de couverture et de prix.Le groupe français Scor est-il en bonne position pour imposer ses conditions dans un tel environnement ?V. P. :Il s'agit pour SCOR d'être parmi le petit groupe de marchés coteurs, qui donne le ton aux renouvellements. La crise financière devrait conduire les clients à donner la priorité à des répartitions de parts plus larges et plus équilibrées entre les participants à leurs programmes. Nous nous estimons bien positionnés. Parmi les points de force du Groupe, rappelons que nous n'avons pas d'implication dans les problèmes liés aux monoliners et aux subprimes, pas d'engagement hors bilan, qu'une partie importante de nos actifs est en cash (3 milliards d'euros) et en obligations d'état, et que notre taux d'endettement est très modéré.Les affaires vont?elles se conclure plus tard cette année ?V. P. : Depuis plusieurs années, nous nous sommes habitués à des négociations et à des décisions de placement tardives et cette année s'inscrira dans la continuité de ce point de vue. Il est vrai que la crise financière place toute la chaîne, depuis les assurés jusqu'aux rétrocessionnaires, face à une absence de visibilité critique pour faire des choix stratégiques en matière de financement et de transfert ou de prise de risques. Propos recueillis par Séverine Sollier
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