Licenciements en cascade dans l'industrie

Cantonnée pendant ses premiers mois à la sphère financière puis au secteur automobile, la crise a bel et bien rattrapé désormais l'ensemble de l'économie réelle. En témoigne la litanie de suppressions d'emplois annoncées depuis le début de la semaine par les géants mondiaux de l'industrie : près de 75.000 pour la seule journée de lundi aux États-Unis ; 10.000 hier après-midi chez l'avionneur américain Boeing s'ajoutant aux 8.000 annoncées le matin même chez ST Microelectronics et SAP, deux leaders européens de la high-tech en Europe. Et ce n'est sans doute pas fini, malheureusement. L'américain Kodak, qui doit présenter aujourd'hui ses résultats annuels, pourrait bien ajouter sa pierre noire à cette déjà longue liste, si on en croit les sombres anticipations des analystes. Et cette dernière semaine de janvier restera dans les annales avec plus de 100.000 emplois supprimés dans les grands groupes mondiaux.manque de visibilitéPartout, les justifications données par les entreprises à cette vague sans précédent de licenciements sont les mêmes : un brutal décrochage de l'activité en octobre ou novembre dernier et un manque total de visibilité pour l'année 2009. Sur le seul quatrième trimestre 2008, ST Micro a ainsi enregistré un plongeon de 17 % de ses ventes. Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs s'attend à un recul de 25 à 40 % de son activité au premier trimestre 2009 par rapport aux mêmes mois de 2008. Chez l'éditeur allemand de logiciels SAP, véritable machine à recruter ces dernières années, le contraste est total entre les 1.200 embauches réalisées durant l'année 2008 et ce plan massif de départs, qui inaugure l'année 2009. Aggravation brutale également chez Boeing : au début du mois, l'avionneur américain prévoyait 4.000 à 4.500 suppressions de postes. Hier, la barre est montée à 10.000, soit 6 % des effectifs. Dans l'intervalle, 15 commandes de 787 Dreamliner ont été annulées, selon les chiffres donnés hier. Et le directeur général de Boeing, Jim McNerney, estime que les reports de commandes vont s'amplifier, avec la baisse de demandes de voyages enregistrée par les compagnies aériennes.Rares sont désormais les secteurs épargnés. L'énergie ? La folle envolée du pétrole de la mi-2008 a redonné vie à nombre de projets d'investissements et donc favorisé les embauches. Mais, avec un brut retombé sous les 50 dollars en fin d'année, les mauvaises nouvelles ne sont plus à exclure dans ce secteur. Certains investissements, rentables avec un baril à 150 dollars, le seront beaucoup moins à 50 dollars. Et la richesse de certains groupes risque de fondre comme neige au soleil. Le pétrolier américain ConocoPhillips n'a-t-il pas annoncé hier une perte nette de 17 milliards de dollars en 2008 (contre un bénéfice de près de 12 milliards un an plus tôt), après avoir été contraint de déprécier massivement certains de ses actifs, pour un total de 34 milliards de dollars.chute de la demandeLes géants des biens de consommation semblent résister eux aussi. Mais comment pourront-ils préserver leur chiffre d'affaires si les clients voient leur pouvoir d'achat laminé par le chômage ? Avec 51 millions de nouveaux chômeurs en plus dans le monde en 2009 si le scénario le plus noir du Bureau international du travail se réalise, les fabricants de cosmétiques ont quelque souci à se faire. Seul peut-être le low-cost pourra tirer son épingle du jeu. Le distributeur britannique Asda, positionné comme une enseigne à bas prix, a apporté hier la seule note d'optimisme en annonçant 10.000 recrutements en 2009 !
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