En 2009, les avocats vont se recentrer sur les restructurations

Ils savent que 2009 risque d'être une année difficile, mais ils ne sont pas plus inquiets que cela. Sauf s'ils sont jeunes ou extrêmement spécialisés en financement ou en capital-investissement. « La crise a démarré en septembre 2007. En décembre de cette même année, on était persuadé que 2008 serait horrible. Or, on s'est trompé. Il y a eu beaucoup d'opérations sur le premier semestre. Depuis la rentrée, évidemment, la donne s'est plus que compliquée », indique un avocat.Sur le second semestre 2008, avec les difficultés du crédit et les problèmes de liquidité que cela a pu générer, la crise s'est aggravée. Les marchés boursiers se sont fermés. D'abord les actions, puis la dette. Certains cabinets, ceux qui avaient surfé à l'époque de la dette bon marché et qui s'étaient spécialisés sur le financement structuré ou le capital-investissement avec effet de levier, ont été très affectés.Il n'empêche. Il y a eu des opérations, parfois importantes. EDF a racheté British Energy, une transaction de 15 milliards d'euros. Chez les banques aussi, les avocats ont eu de quoi faire, qu'il s'agisse des recapitalisations par l'État, d'augmentations de capital sur le marché ou même de quelques fusions-acquisitions (fusion de la Banque Populaire avec la Caisse d'Épargne, rachat de Cofidis par Crédit Mutuel, rachat éventuel de Fortis par BNP Paribas).nouvelle donneComment se présente l'année qui commence ? Pas très bien, indubitablement. « 2009 sera sans doute la pire année que l'on a passée depuis longtemps », remarque un avocat. « C'est peut-être la première fois que tout le monde se pose cette question. Il est vrai que nous ?uvrons dans une activité où on ne sait pas de quoi demain sera fait, hormis dans le contentieux ou l'arbitrage », ajoute-t-il. Dans le financement, en tout cas, il ne faudra pas s'attendre à grand-chose. Il n'y aura probablement pas d'introduction majeure en Bourse non plus.En fusions-acquisitions, en revanche, il y aura des opérations. L'attentisme des patrons qui espèrent réaliser des acquisitions à prix bradé, et ont peur de l'avenir au vu du contexte économique et financier, ne devrait pas durer éternellement. « Il y a des investisseurs qui disposent de liquidités importantes et qui, à un moment donné, sauteront le pas, d'autant qu'ils ne risquent plus aujourd'hui de se heurter à la concurrence des fonds d'investissement », commente un avocat.Parmi les secteurs les plus fréquemment cités, les cabinets évoquent les compagnies pétrolières. Les grandes sociétés européennes, qui ont engrangé d'importants profits depuis des années, pourraient saisir des opportunités et racheter des sociétés américaines de taille moyenne. D'aucuns évoquent aussi un mouvement qui pourrait venir des sociétés japonaises, qui ont accumulé beaucoup de cash et tentent de mettre un pied en Europe. En outre, on peut s'attendre à des opérations de rapprochement assez naturelles, provoquées par des faillites.Malgré tout, plus que ce département, c'est le « restructuring » qui devrait tirer l'activité des avocats cette année : qu'il s'agisse de renégociation ou de rééchelonnement de dette pour les entreprises qui vont se trouver en difficulté de paiement, ou encore d'opérations nettement plus lourdes, comme des procédures de redressement judiciaire ou de sauvegarde. Dans ce domaine, malheureusement, depuis la fin de 2008, les dossiers affluent. Les secteurs de l'automobile, du BTP ou de la construction navale semblent les plus touchés. Dans les cabinets, on essaie de s'adapter à cette nouvelle donne. Chez Willkie Farr, les équipes ont été renforcées. Maurice Lantourne, accompagné de cinq collaborateurs, a rejoint le cabinet d'avocats en novembre dernier et fusionné ses équipes avec les départements restructuration et contentieux.Laurence Boisseau
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.