Les verrous numériques vont bientôt sauter

À l'origine, les maisons de disques voyaient dans les DRM (Digital Right Management) le meilleur rempart contre le piratage. Ces verrous de protection des fichiers musicaux permettent de contrôler et de limiter la circulation et la copie d'un morceau acheté sur Internet. La loi sur les droits d'auteur, la Dadvsi, avait même créé un délit de contrefaçon pour quiconque contournerait ces verrous. Ironie de l'histoire, les DRM ont non raté leur mission originelle, mais ils ont freiné le développement de la musique légale. Le principal défaut du système est l'incompatibilité des différentes technologies développées par Apple et Microsoft : un morceau de musique acheté sur la plate-forme de la Fnac ne peut pas être écouté sur l'iPod d'Apple. Et, les fichiers acquis sur le juke-box numérique iTunes ne peuvent être écoutés que sur les baladeurs d'Apple. La charte signée, en 2004, entre l'industrie musicale, les opérateurs Internet et le gouvernement, préconisait de rendre les systèmes compatibles. Une recommandation restée lettre morte. C'est pourquoi deux ans plus tard, la Dadvsi a acté de la création d'une Autorité de régulation des mesures techniques. Inaugurée en 2007, cette autorité administrative indépendante, censée veiller à l'interopérabilité technique, a le pouvoir d'appliquer des sanctions pécuniaires, allant jusqu'à 5 % du chiffre d'affaires d'une société. « Nous n'avons reçu aucune saisine de la part de fabricant ou de plate-forme de services », indique son chargé des questions juridiques, Thierry Maillard. Pour l'autorité, la lourdeur de la procédure a découragé les éventuels plaignants. tests grandeur natureEn réalité, l'industrie du disque a pris les devants, en commençant à faire sauter les DRM. « Les DRM ont contribué à ralentir le développement de plates-formes comme la Fnac et Virgin », indique le président de Sacem, Bernard Myiet. Universal, Sony BMG, Warner et EMI ont lancé depuis plus d'un an des tests grandeur nature de vente d'une partie de leur catalogue libérée des DRM sur des plates-formes comme Amazon, Dell, Best Buy ou Napster. En France, sur le service de musique en ligne de la Fnac, la moitié des deux millions de titres proposés ne portent plus de verrous. Du coup, les majors pourraient annoncer bientôt la fin du système. En avance puisque le rapport Olivennes suggérait d'attendre un an après la mise en place de la riposte graduée. Mais les maisons de disque attendent encore les résultats des débats à l'Assemblée et au Sénat avant de faire cette annonce inéluctable. Sandrine Cassini
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