« La Russie est un des marchés les moins chers »

Karine Hirn, cofondatrice de East Capital Comment expliquer le rebond spectaculaire du marché boursier russe ?Il faut savoir que le marché russe est un des marchés qui a le plus souffert à l'automne. En termes de valorisation (« price to book value »), il s'agit d'un des marchés les moins chers au monde. La hausse plus récente tient à trois facteurs : la stabilité des prix du pétrole et du rouble et l'amélioration du sentiment général des investisseurs dans le monde. Le marché russe est fortement dépendant du prix des matières premières, 60 % de la capitalisation boursière relèvent du secteur du pétrole et du gaz et 16 % des métaux et des mines. On estime que, au-dessus d'un prix du baril à 41 dollars, la Russie s'en sort bien au niveau de ses équilibres budgétaires et commerciaux. La stabilisation des prix du pétrole a permis la stabilisation de la monnaie qui avait été sous pression pendant la crise.La hausse est-elle durable ?Si ces trois facteurs perdurent, la hausse sera durable. Si on fait un parallèle avec la crise de 1998, le rebond des marchés avait été également spectaculaire en 1999. Par ailleurs, les niveaux de valorisation sont historiquement bas et le thème du rattrapage des économies de l'Europe de l'Est toujours d'actualité. Il est donc opportun d'entrer maintenant sur le marché russe. En ce qui nous concerne, nous y avons fortement augmenté notre exposition. Il représente plus de 60 % de nos fonds Europe de l'Est à savoir East Capital Eastern European Fund et East Capital Luxembourg Eastern European Fund.Des opportunités à saisir ?Les entreprises des secteurs liés à l'exportation sont attractives. La dévaluation du rouble a permis d'accroître fortement leur compétitivité. Dans cette perspective, elles gagnent des parts de marché en Chine. En revanche, nous avons réduit notre exposition au secteur bancaire et financier qui ne représente plus en moyenne que 7 % de nos fonds, contre 17 % avant la crise. La récession devrait peser sur ce secteur même si tendanciellement, les agents économiques sont moins dépendants du crédit, par exemple les ménages russes sont beaucoup moins endettés que les ménages européens et américains. Il faut être attentif à la sélection de valeurs, la crise devrait permettre une consolidation du marché russe, certaines entreprises vont disparaître, d'autres vont connaître une forte croissance externe.Quelles sont les perspectives dans les autres marchés de la zone ?Nos préférences vont, en dehors de la Russie, aux pays qui disposent d'une demande domestique importante, du fait de la taille de la population, comme la Pologne, la Roumanie et la Turquie. Cette dernière par exemple a connu en 2001 une crise bancaire très importante, en conséquence, son système bancaire est plus sain que celui des autres pays et est davantage capitalisé. En revanche, les pays Baltes, la Hongrie et l'Ukraine rencontrent de grandes difficultés. Les pays Baltes et la Hongrie ont toutefois l'avantage de faire partie de l'Union européenne, tandis que l'Ukraine (comme la Lettonie et la Hongrie) est soutenue par le FMI. n
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