Après le limogeage de Christian Streiff à la tête de PSA, les regards se tournent forcément vers le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Tiendra, tiendra pas ? La question se pose avec d'autant plus d'acuité que la stratégie de croissance menée depuis plusieurs années par le double PDG se trouve en complet porte-à-faux avec le marasme actuel de l'industrie automobile mondiale. Les marchés financiers, qui savent brûler ceux qu'ils ont encensés hier, ne voient plus dans l'alliance Renault-Nissan que les inconvénients d'un modèle trop exposé à l'international, trop compliqué via des participations croisées, trop endetté.Sa stratégie montrée du doigt, Carlos Ghosn va-t-il servir de fusible ? Pas sûr. « À l'inverse d'un Christian Streiff, le patron de Renault-Nissan a une plus grande légitimité et une plus grande expérience dans le secteur. L'après-crise aura peut-être raison de lui, mais, en attendant, on ne se sépare pas d'un capitaine de navire en pleine tempête », résume un connaisseur du dossier. Un autre surenchérit : « Renault, grâce à Nissan, pourrait même être le premier à profiter d'un retournement de tendance grâce, justement, à la stratégie internationale de Carlos Ghosn? » En tout cas, chez Renault, on juge « farfelues » les spéculations sur un départ. Crédité du redressement de Nissan, Carlos Ghosn a certes bien moins réussi chez Renault. Même sans crise, le constructeur au losange n'aurait pas atteint les objectifs du « Renault Contrat 2009 ». Les derniers modèles lancés par l'ex-régie n'ont pas rencontré un accueil enthousiaste. La Laguna constitue même un semi-échec.Pourtant, Carlos Ghosn a su habilement redresser la barre. Il a notamment nommé un directeur général délégué chez Renault pour gérer l'entreprise de plus près, Patrick Pelata, un homme apprécié en son sein. Il a aussi habilement ménagé les pouvoirs publics lors des négociations sur les prêts à l'industrie automobile. A.-G. V. et G. V.

latribune.fr

11 Avr 2009, 1:29

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